Avec 18 cardinaux électeurs africains sur 135, le défunt pape François a renforcé le poids de l’Afrique dans l’Église catholique. Un geste fort, symbole d’un pontificat résolument engagé en faveur du continent.
Le 21 avril 2025, en pleine matinée du lundi de Pâques, le Pape François s’est éteint à l’âge de 88 ans. Jorge Mario Bergoglio, premier pape venu d’Amérique latine et premier jésuite à occuper le trône de Saint Pierre, aura profondément marqué l’Église par sa vision inclusive, son engagement pour la paix et son attention particulière envers l’Afrique.
Une transition attendue au sommet de l’Église
L’inhumation du pape François est prévue pour le samedi 26 avril. D’ici là, le Vatican vit au rythme de la sede vacante, période entre la mort d’un pape et l’élection de son successeur. Le conclave, qui réunira les cardinaux électeurs à huis clos dans la chapelle Sixtine, pourrait débuter entre le 5 et le 10 mai.
Cette élection obéit à des règles inchangées depuis près de 800 ans : seuls les cardinaux de moins de 80 ans peuvent voter. En février 2025, ils sont 135, dont 18 Africains. Ce chiffre élevé s’explique par les nombreux consistoires convoqués par François, notamment celui de 2023, au cours duquel il a nommé 21 nouveaux cardinaux.
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Un pontificat africain dans l’esprit et dans l’action
Élu en 2013, François a rapidement manifesté son désir de bâtir une Église plus représentative de sa diversité. L’Afrique, longtemps marginalisée dans les hautes sphères du Vatican, a vu son influence progresser. En douze ans, 17 cardinaux africains ont été créés. La proportion de cardinaux électeurs africains est passée de 9 % en 2013 à 12 % en 2022.
Mais cette ouverture n’a pas été que symbolique. Le pape a multiplié les visites sur le continent, avec dix voyages apostoliques entre 2015 et 2023. Il s’est rendu notamment au Kenya, en Centrafrique, au Maroc, à Madagascar, en Égypte, en RDC ou encore au Soudan du Sud.
Bangui, Juba, Kinshasa : des gestes forts pour la paix
Parmi les moments les plus marquants de son pontificat africain, son voyage en Centrafrique en 2015 reste inoubliable. Bravant les alertes sécuritaires, François a prié dans une mosquée du quartier musulman de Bangui et ouvert symboliquement la première Porte sainte hors du Vatican, lançant un puissant message de réconciliation.
En 2019, il surprend le monde en baisant les pieds du président sud-soudanais Salva Kiir et de son opposant Riek Machar, les implorant de faire la paix. Il reviendra à Juba en 2023, dénonçant devant 100 000 fidèles la « fureur aveugle de la violence ».
À Kinshasa, capitale de la RDC, le pape François aura des mots très durs contre l’exploitation du continent : « L’Afrique n’est pas une mine à piller ni une terre à exploiter. Ça suffit ! »
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Une reconnaissance mondiale
Depuis son décès, les hommages se multiplient à travers le monde. Le président nigérian a salué « une voix puissante pour la justice climatique ». En Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara a souligné son engagement « en faveur des plus vulnérables ». Cyril Ramaphosa, président sud-africain, a salué sa vision d’« inclusion et d’égalité ».
Le continent africain, qui compte près de 250 millions de catholiques, soit environ 20 % de la population catholique mondiale, voit aujourd’hui en François un pontife qui aura su écouter ses voix, reconnaître ses souffrances, et valoriser son avenir dans l’Église.
L’Afrique rêve d’un pape noir
Le poids croissant du continent dans le collège cardinalice alimente les espoirs : et si le successeur de François était africain ? L’histoire n’a jamais connu de pape noir à l’époque contemporaine. Mais le profil de plusieurs cardinaux africains attire l’attention. Et le rêve d’un pontife africain, porté par des millions de fidèles, n’a jamais été aussi palpable.
Les 18 cardinaux électeurs africains
• Ambongo Besungu Fridolin (République Démocratique du Congo)
• Bessi Dogbo Ignace (Côte d’Ivoire)
• Brislin Stephen (Afrique du Sud)
• Furtado Arlindo Gomes (Cap-Vert)
• Kambanda Antoine (Rwanda)
• Kutwa Jean-Pierre (Côte d’Ivoire)
• Lopez Romero Cristobal (Maroc)
• Mulla Stephen Ameyu Martin (Soudan du Sud)
• Njue John (Kenya)
• Nzapalainga Dieudonné (Centrafrique)
• Okpaleke Peter Ebere (Nigeria)
• Ouédraogo Philippe Nakellentuba (Burkina Faso)
• Rugambwa Protase (Tanzanie)
• Sarah Robert (Guinée)
• Souraphiel Berhaneyesus Demerew (Éthiopie)
• Tsarahazana Désiré (Madagascar)
• Turkson Peter Kodwo Appiah (Ghana)
• Vesco Jean-Paul (Algérie)
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