La Confédération africaine de football (CAF) tient ce mercredi 12 mars une assemblée générale élective qui scellera sans suspense la réélection de Patrice Motsepe à la présidence. Mais si cette reconduction par acclamation est actée, l’enjeu véritable réside dans le renouvellement du comité exécutif et la bataille pour les six sièges africains au Conseil de la FIFA. Entre ambitions politiques, luttes d’influence et stratégies de coulisses, cette assemblée générale s’annonce décisive pour l’avenir du football continental.
Motsepe, un second mandat sans rival
Il y a quatre ans, Patrice Motsepe, homme d’affaires sud-africain jusque-là peu connu sur la scène du football international, accédait à la présidence de la CAF sous l’impulsion de Gianni Infantino, président de la FIFA. Son premier mandat a été marqué par un redressement économique notable, avec des comptes rééquilibrés et une amélioration de la gestion financière de l’institution.
Ce 12 mars, Motsepe s’avance sans adversaire, garantissant ainsi une réélection sans le moindre accroc. Pourtant, son second mandat s’ouvrira sous une pression accrue, notamment en raison des critiques sur l’ingérence de la FIFA dans les affaires de la CAF et la gestion controversée de son secrétaire général, Véron Mosengo-Omba.
Le retour de Samuel Eto’o sur la scène continentale
Parmi les événements marquants de cette assemblée, l’élection de Samuel Eto’o au comité exécutif de la CAF est l’un des plus attendus. Unique candidat en lice pour représenter l’Union des fédérations de football d’Afrique centrale (UNIFFAC), le président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) voit ainsi son retour au premier plan être validé par acclamation.
Ce succès a un goût particulier pour Eto’o, qui a dû batailler devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) pour faire valider sa candidature après son rejet initial par la CAF en raison d’une condamnation en 2024 liée à une affaire de paris sportifs. Son élection pourrait lui permettre d’accéder à un poste de vice-président au sein de l’instance africaine, renforçant ainsi son influence sur le football continental.
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Les luttes d’influence pour les sièges africains à la FIFA
L’un des enjeux majeurs de cette assemblée générale réside dans l’élection des six représentants africains au Conseil de la FIFA. Dix candidats se disputent les cinq places réservées aux hommes, tandis que trois femmes concourent pour un seul poste.
Parmi les favoris, le Marocain Fouzi Lekjaa, l’Égyptien Hany Abou Rida et le Nigérian Amaju Melvin Pinnick semblent assurés de conserver leurs sièges. Le Béninois Mathurin De Chacus tentera de renouveler son mandat, mais il devra faire face aux ambitions du Sénégalais Augustin Senghor, du Mauritanien Ahmed Yahya et de l’Ivoirien Idriss Diallo, dont l’influence grandissante pourrait rebattre les cartes. Le vote des 54 associations membres de la CAF, à bulletin secret, pourrait réserver des surprises.
L’ombre de la FIFA sur la CAF : un contrôle total ?
Derrière ces élections se joue une question de fond : l’autonomie réelle de la CAF face à la FIFA. Plusieurs anciens employés de la CAF ont dénoncé une gestion sous tutelle, orchestrée par Véron Mosengo-Omba, secrétaire général de l’instance, présenté comme l’homme de la FIFA en Afrique. Son rôle central dans la gestion quotidienne de la CAF et son management jugé autoritaire ont provoqué des tensions internes et des départs en série.
Si son maintien à son poste est encore incertain, son influence sur les décisions de la CAF, et donc de Motsepe, reste un sujet brûlant. La FIFA, en plaçant des hommes-clés au cœur du pouvoir, s’assure un contrôle stratégique sur les votes africains, essentiels pour les réélections de Gianni Infantino.
Motsepe : un tremplin vers la politique sud-africaine ?
Au-delà du football, la trajectoire de Patrice Motsepe suscite des interrogations. Déjà influent en Afrique du Sud grâce à sa fortune estimée à 2,7 milliards de dollars et son implication dans l’ANC, le milliardaire pourrait utiliser son passage à la tête de la CAF pour asseoir une stature politique en vue d’ambitions nationales.
Son implication financière personnelle dans le football africain, notamment avec un don de 10 millions de dollars pour le championnat scolaire, témoigne d’un investissement qui dépasse le simple cadre du sport. En attendant, son deuxième mandat s’ouvre avec des défis de taille : renforcer l’indépendance de la CAF, gérer la lutte d’influence interne et assurer une gestion plus transparente.
Une assemblée générale à suivre de près
Si la réélection de Motsepe ne fait aucun doute, cette assemblée générale de la CAF pourrait redistribuer les cartes du pouvoir au sein du football africain. Entre la montée en puissance de Samuel Eto’o, les batailles pour les postes à la FIFA et les tensions liées à la mainmise de la FIFA sur la CAF, les prochains mois s’annoncent décisifs. Motsepe aura-t-il les coudées franches pour mener sa politique, ou restera-t-il sous la coupe des influences extérieures ? L’avenir du football africain se joue aussi dans ces jeux de pouvoir.
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