lundi 7 octobre 2024

Burundi : Polémique autour de l’arrestation d’un responsable pour un mariage en kimono

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Au Burundi, l’arrestation de Patrick Icoyitungiye, conseiller administratif de la commune de Rugombo, a déclenché une vive polémique après qu’il a célébré un mariage où l’un des époux portait un kimono de karatéka.

Cet incident survenu dans la province de Cibitoke a généré un débat animé sur les réseaux sociaux et au sein des cercles politiques du pays, soulevant des questions à la fois sur la légalité de l’acte et sur les valeurs culturelles burundaises.

Tout a commencé avec la diffusion d’une photo sur le réseau social X (anciennement Twitter), où l’on voit un homme vêtu d’un kimono blanc et d’une ceinture noire en pleine cérémonie de mariage, aux côtés de sa fiancée en robe blanche traditionnelle.

La tenue inhabituelle du marié a immédiatement attiré l’attention, suscitant des réactions mitigées parmi les internautes. Tandis que certains y voyaient une manifestation d’originalité et de liberté personnelle, d’autres percevaient ce choix vestimentaire comme une offense aux traditions culturelles du pays.

Jean-Claude Ndenzako Karerwa, chef du bureau chargé des Affaires politiques et sociales à la présidence, a vivement critiqué cette cérémonie.

Dans un message publié sur les réseaux sociaux, il s’est montré très ferme : « Pour moi, ils ont mal agi ! », questionnant ainsi la manière dont les Burundais peuvent espérer préserver leur identité culturelle si des choix vestimentaires aussi « inappropriés » étaient tolérés lors de tels événements.

Deux jours après la célébration, Patrick Icoyitungiye a été arrêté et incarcéré au commissariat de Cibitoke. Selon une source judiciaire, cette arrestation aurait été ordonnée par des autorités supérieures.

Cependant, le code civil burundais n’impose aucune restriction quant à la tenue vestimentaire des mariés ni sur le lieu où un mariage civil doit être célébré.

Cela n’a pas empêché le gouverneur de Cibitoke, Carême Bizoza, de prendre position, affirmant que « pour le respect de la culture et des normes de la société burundaise, ce mariage n’aurait pas dû avoir lieu, surtout que l’époux était en tenue de karaté ».

Malgré l’absence de dispositions légales précises sur la question, les critiques contre Icoyitungiye se sont multipliées.

Certains observateurs dénoncent une atteinte aux valeurs traditionnelles du Burundi, tandis que d’autres voient dans cette arrestation un abus de pouvoir. Un magistrat de la région a même qualifié cette détention d’« abusive », soulignant que le code civil reste muet sur les questions soulevées par cette affaire.

Cette situation met en lumière un débat plus large sur la modernité et le respect des traditions dans le pays. Alors que des voix s’élèvent pour défendre le droit à l’originalité dans les mariages civils, d’autres insistent sur l’importance de respecter les coutumes culturelles, même si elles ne sont pas formellement inscrites dans la loi.

La justice burundaise est désormais confrontée à un dilemme. Doit-elle annuler ce mariage en raison d’un manquement aux « traditions » ou libérer le responsable administratif, faute de violation de la loi ? Cette affaire, devenue emblématique, reflète les tensions sociales croissantes autour de l’évolution culturelle du pays.

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