Les activités de soins de santé, essentielles pour sauver des vies et améliorer le bien-être, génèrent une quantité considérable de déchets. Parmi eux, environ 30 % sont classés comme Déchets d’Activités de Soins à Risques Infectieux (DASRI), des matériaux dangereux qui nécessitent une gestion rigoureuse pour protéger la santé publique et l’environnement.
Un problème de portée mondiale
Selon les données de l’OMS/UNICEF, en 2021, seuls 61 % des hôpitaux dans le monde disposaient de services adéquats pour la gestion des déchets issus des activités de soins. Cette proportion chute dramatiquement dans les contextes fragiles, où seulement 25 % des établissements étaient équipés en 2023. Les conséquences de cette insuffisance sont alarmantes : prolifération des infections, contamination des eaux et des sols, et exposition accrue des communautés vulnérables aux risques sanitaires.
Le problème est exacerbé par l’augmentation de la production de ces déchets, notamment en période de crises sanitaires comme la pandémie de COVID-19, qui a vu une explosion des déchets liés aux équipements de protection individuelle (EPI) et aux tests médicaux.
Méthodes traditionnelles : les limites de l’incinération
L’incinération reste une méthode largement utilisée pour traiter les DASRI. Si elle offre l’avantage de réduire rapidement le volume des déchets, elle présente des inconvénients majeurs :
• Risques environnementaux : Émissions de dioxines, de métaux lourds et d’autres polluants toxiques.
• Complexité logistique : Transport des déchets vers des incinérateurs situés dans des zones isolées, augmentant les coûts et les risques de contamination en transit.
• Environnement contraint : Besoin de hautes températures (souvent supérieures à 1 000 °C) et de combustibles fossiles, rendant le processus énergivore.
Une révolution technologique : broyage et stérilisation à vapeur
Depuis 2012, une technologie innovante et respectueuse de l’environnement s’est imposée pour le traitement des DASRI : un système compact associant broyage et stérilisation à vapeur.
Avantages clés :
1. Transformation des déchets infectieux : Les déchets sont désinfectés, inertes, et peuvent être intégrés à la filière des déchets ménagers sans aucun risque biologique.
2. Réduction des volumes : Le poids et le volume des déchets sont significativement réduits, optimisant ainsi leur stockage et leur transport.
3. Traçabilité et sécurité : Une imprimante intégrée garantit une traçabilité complète du processus de traitement.
4. Respect des normes internationales : Conformité à la norme NFX30-503 et aux recommandations de l’OMS.
Composition du système :
• Une chambre de traitement robuste en acier inoxydable 304L.
• Un générateur de vapeur performant et un adoucisseur d’eau.
• Un broyeur équipé de pales durables pour une réduction efficace des déchets solides.
• Une capacité de stérilisation à 135 °C pour garantir une désinfection optimale.
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Une adoption internationale encouragée
Cette technologie est déjà en usage dans plusieurs pays de la sous-région, notamment en Sierra Leone, en Guinée, en Côte d’Ivoire, et en Irak. Ces installations démontrent l’efficacité de ce système dans des contextes variés, incluant des zones urbaines denses et des régions éloignées.
Défis et perspectives
Malgré ses nombreux avantages, l’adoption généralisée de cette technologie se heurte encore à plusieurs obstacles :
• Manque de financement : De nombreux établissements de santé, en particulier dans les pays en développement, manquent de ressources pour investir dans ces systèmes modernes.
• Formation et sensibilisation : Les personnels de santé doivent être formés à l’utilisation et à la maintenance de ces technologies.
• Infrastructure inadéquate : Dans certains contextes, le manque de réseaux de gestion des déchets limite l’efficacité de ces solutions.
Vers une gestion durable des déchets biomédicaux
Déchets après traitement
La gestion des déchets biomédicaux est plus qu’un impératif sanitaire : elle est une responsabilité éthique et écologique. Les décideurs politiques, les professionnels de la santé et les organisations internationales doivent travailler ensemble pour :
• Renforcer les infrastructures existantes.
• Promouvoir les solutions durables comme le broyage et la stérilisation à vapeur.
• Assurer un financement durable pour permettre une adoption généralisée.
• Éduquer les communautés sur les dangers des déchets biomédicaux mal gérés.
En investissant dans des solutions innovantes et respectueuses de l’environnement, le monde peut progresser vers un système de santé qui protège non seulement les individus, mais aussi notre planète.
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