Le célèbre activiste politique connu sous le pseudonyme de « Frère Hounvi », de son vrai nom Steve Amoussou, comparaîtra une fois de plus devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET) ce lundi 9 décembre 2024. Cette audience marque le début effectif de son procès après plusieurs reports dans une affaire qui continue de captiver l’attention de l’opinion publique béninoise et internationale.
Un parcours controversé
Pendant plusieurs années, sous couvert d’anonymat, « Frère Hounvi » a utilisé les réseaux sociaux pour critiquer vigoureusement le président Patrice Talon et dénoncer ce qu’il qualifiait de dérives autoritaires du régime en place. Ses publications acerbes ciblaient aussi bien des particuliers que des personnalités politiques influentes.
Le 13 août 2024, son identité a été révélée par l’opposant en exil Martin Rodriguez, quelques heures après son enlèvement à Lomé, au Togo. Ramené de force au Bénin, Steve Amoussou a été placé en détention provisoire le 20 août 2024, faisant face à trois chefs d’accusation :
- Harcèlement par voie électronique,
- Publication de fausses nouvelles,
- Provocation directe à la rébellion.
Cet enlèvement a soulevé une vive controverse juridique internationale. En effet, la justice togolaise a émis des mandats d’arrêt contre quatre ressortissants béninois impliqués dans le rapt. Toutefois, la procédure s’est partiellement éteinte, les accusés ayant déjà été jugés et condamnés au Bénin, conformément au principe « non bis in idem », qui interdit de juger une personne deux fois pour les mêmes faits.
Parmi les condamnés, Jimmy Gandaho et Géraud Gbaguidi ont été reconnus coupables le 3 septembre 2024 par la CRIET pour « arrestation illégale ».
Un procès sous haute surveillance
La première audience du procès de Steve Amoussou s’est tenue le 7 octobre 2024. Il a plaidé non coupable des faits qui lui sont reprochés. Cette session, brève, a été reportée au 18 novembre 2024 à la demande de la défense. Lors de cette audience, l’activiste a de nouveau comparu sous un dispositif sécuritaire renforcé. Ses avocats — Me Aboubacar Baparapé, Me Yaya Pognon et Me Julien Togbadja — dénoncent une « instrumentalisation de la justice » et plaident fermement pour son acquittement.
Malgré une défense acharnée, les charges retenues pèsent lourdement sur Steve Amoussou, et ses soutiens redoutent une issue défavorable.
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Double procédure : Escroquerie et activisme
Par ailleurs, Steve Amoussou est également impliqué dans une autre affaire judiciaire pour escroquerie présumée. Il est accusé d’avoir détourné dix millions de francs CFA à un Béninois résidant en Indonésie, Marcellin Ayi. Bien que distincte du procès principal, cette affaire ajoute une dimension supplémentaire à son dossier et complique davantage sa défense.
Enjeu politique
Le procès de « Frère Hounvi » est perçu comme un symbole de la lutte pour la liberté d’expression au Bénin. Ses partisans considèrent cette procédure comme une tentative d’intimidation des voix dissidentes, tandis que ses détracteurs l’accusent de propager des informations infondées et de jeter le discrédit sans preuves tangibles sur certains citoyens.
Les enjeux de ce procès dépassent donc largement le cadre personnel de Steve Amoussou et pourraient avoir des répercussions majeures sur le climat politique et judiciaire au Bénin. Cette audience du 9 décembre 2024 est attendue avec une grande attention.
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