vendredi 20 septembre 2024

Sénegal-Ue : Pourquoi le nouveau pouvoir veut renégocier les accords de pêche

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Le nouveau président du Sénégal veut réserver les 12 premiers milles marins des côtes sénégalaises, soit environ 20 kilomètres depuis le littoral, aux pêcheurs artisanaux pour éloigner les bateaux industriels et redonner  aux pêcheurs locaux. En effet, chaque  année, des navires européens  repartent avec 10 000 tonnes de thon et 1 700 tonnes de merlu noir  pris sur les côtes sénégalaises,  contre 3 millions d’euros que l’Europe reverse en contrepartie à Dakar. Or, 17% de la population active du Sénégal, soit 600 000 personnes, vivent directement ou indirectement de la pêche.

 La surpêche industrielle pratiquée dans les eaux sénégalaises est telle que les poissons se font rares, au grand désespoir des pêcheurs locaux qui sont privés de leur gagne-pain. La pêche artisanale sénégalaise est confrontée à une surexploitation des ressources halieutiques. Les pêcheurs sénégalais sont devenus des migrants potentiels. La surexploitation des ressources halieutiques est en partie liée aux accords signés avec l’Union européenne, qui permettent à des bateaux sous licence européenne de venir pêcher dans la zone exclusive du Sénégal. Les pêcheurs sénégalais accusent ces immenses chalutiers de venir trop près de leurs côtes et de piller littéralement leurs fonds, d’autant qu’ils récupèrent dans leurs filets des petits poissons comme des sardines ou des anchois qui nourrissent la population locale.

C’est en 1979 que l’Union européenne (alors à l’époque la CEE, la Communauté économique européenne) conclut son premier accord bilatéral avec le Sénégal alors sous la présidence de Leopold Sedar Senghor (1960-1980). Cet accord permet aux navires de l’Union européenne de pêcher dans les eaux territoriales exclusives du pays et d’accéder à une grande variété de ressources halieutiques. En échange l’Europe s’engage à aider le Sénégal financièrement pour développer ses infrastructures portuaires et son secteur de la pêche. Ce premier accord de 1979 sera renouvelé régulièrement jusqu’en 2014. Son contenu sera ensuite fortement amendé à partir de 2014. Cette compensation de 3 millions d’euros semble faible au regard du poids réel de la pêche dans l’économie sénégalaise.

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