mercredi 15 janvier 2025

Patrice Talon et la coopération régionale contre le terrorisme : une vision entravée par des bouleversements politiques

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Le jeudi 16 février 2023, Patrice Talon, président du Bénin, s’est rendu à Ouagadougou pour rencontrer le capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition du Burkina Faso.

Ce déplacement, hautement symbolique, s’inscrivait dans une démarche de coopération bilatérale pour répondre à l’insécurité grandissante dans la région frontalière entre les deux pays.

Malheureusement, les initiatives ambitieuses impulsées par Patrice Talon se sont heurtées à des bouleversements politiques régionaux et à l’émergence de l’alliance militaire controversée entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger (AES).

Une approche proactive pour sécuriser les frontières

Confronté à une recrudescence des attaques jihadistes dans le nord du Bénin, Patrice Talon avait identifié la nécessité d’une coordination régionale renforcée. Lors de sa visite, il a présenté à Ibrahim Traoré un plan de riposte incluant une sécurisation accrue de la bande frontalière.

Cette initiative reposait sur le déploiement de troupes béninoises le long des points vulnérables, notamment dans la région de Koualou, une porte d’entrée stratégique pour les trafics et les incursions terroristes.

L’engagement béninois s’inscrivait également dans le cadre de l’initiative d’Accra, un projet sous-régional impliquant sept pays pour lutter contre les groupes armés terroristes. Bien que l’opération conjointe prévue n’ait pas encore été lancée, le Bénin avait déjà pris les devants en mobilisant des blindés, des troupes d’infanterie et en intensifiant les patrouilles.

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L’espoir d’un partenariat renforcé avec Ibrahim Traoré

En se rendant à Ouagadougou, Patrice Talon devenait le premier chef d’État démocratiquement élu à rencontrer le président burkinabè de la transition. Ce geste traduisait une volonté de dépasser les divergences politiques pour affronter ensemble une menace commune. Le capitaine Traoré, qui n’a émis aucune objection à la stratégie béninoise, semblait ouvert à cette coopération, augurant des perspectives positives pour une coordination accrue.

Un projet freiné par l’instabilité politique

Cependant, la dynamique enclenchée par Patrice Talon s’est heurtée à de nouvelles réalités géopolitiques. L’arrivée au pouvoir d’autres régimes militaires dans la région, notamment au Niger et au Mali, a modifié les priorités stratégiques. Ces États, regroupés au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), ont opté pour une posture de défiance vis-à-vis des partenaires occidentaux, ce qui a compliqué la coopération régionale.

Cette évolution a fragilisé les efforts de coordination initiés par Talon et Traoré, détournant l’attention des défis sécuritaires communs vers des considérations politiques et idéologiques.

Une vision à concrétiser pour l’avenir

Patrice Talon avait vu juste en misant sur une coopération régionale pour contrer l’expansion jihadiste. Sa démarche anticipait les conséquences désastreuses d’une fragmentation des efforts sécuritaires.

Alors que le nord du Bénin continue de faire face à des attaques meurtrières, comme celle de Banikoara en janvier 2025, l’urgence de relancer une coordination régionale efficace reste cruciale.

Malgré les obstacles, l’exemple de Talon démontre que seule une unité entre États permettra de répondre à l’hydre terroriste. Si l’alliance AES semble pour l’instant freiner cette dynamique, une révision stratégique et une revalorisation de l’initiative d’Accra pourraient redonner espoir à la sous-région.

Le combat contre le terrorisme nécessite des alliances solides et un leadership clair, à l’image de la vision portée par Patrice Talon. Mais encore faut-il que cette vision trouve les relais politiques et stratégiques nécessaires pour s’inscrire dans la durée.

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