Le 10 octobre 2024, le gouvernement militaire du Niger a pris une décision d’une gravité inédite en annonçant la déchéance provisoire de la nationalité de neuf hauts responsables du régime de l’ancien président Mohamed Bazoum, renversé lors du coup d’État du 26 juillet 2023. Cette mesure s’inscrit dans un contexte de tensions politiques et de répression accrue contre les partisans de l’ancien pouvoir.
Parmi les personnalités visées figurent des figures de premier plan comme le général Mahamadou Abou Tarka, ex-responsable de la Haute autorité à la consolidation de la paix, Karingama Wali Ibrahim, ancien chef de la garde présidentielle, et Rhissa Ag Boula, chef historique des rébellions touarègues et conseiller de l’ex-président.
Rhissa Ag Boula, qui avait activement dénoncé la prise de pouvoir militaire, est en exil en France, où il continue de s’opposer au régime de Niamey. Deux semaines après le coup d’État, il avait lancé un “Conseil de résistance pour la République”, visant à contrecarrer les actions de la junte.
Le gouvernement militaire accuse ces anciens responsables de “complot”, de “trahison” et d’“intelligence avec une puissance étrangère”, des accusations lourdes qui les désignent comme des menaces pour la sécurité nationale. Selon le communiqué officiel, ils sont soupçonnés d’avoir mené des activités visant à déstabiliser l’État et d’avoir sollicité l’appui d’une puissance étrangère dans le but de déclencher des hostilités contre le Niger.
Une ordonnance adoptée fin août a permis la création d’un fichier recensant les personnes impliquées dans des actes de terrorisme ou d’atteinte à la sécurité nationale, justifiant ainsi la mesure exceptionnelle de déchéance de nationalité.
Cette décision sans précédent a soulevé des critiques, notamment de la part d’organisations de défense des droits humains comme Human Rights Watch, qui y voient une atteinte aux droits fondamentaux.
Le gouvernement, quant à lui, maintient que ces mesures sont nécessaires pour protéger les intérêts stratégiques du Niger, tout en précisant que la déchéance de nationalité reste provisoire.
La gendarmerie nigérienne a émis un avis de recherche à l’encontre de ces neuf personnalités, considérées comme en fuite. Elles sont accusées d’avoir fomenté un complot visant à porter atteinte à l’autorité de l’État, aggravant ainsi l’isolement et la situation des anciens alliés du président déchu Bazoum.
Ce dernier est toujours détenu par la junte, tandis que le Niger continue de naviguer dans une transition militaire incertaine, marquée par des tensions internes et des pressions internationales croissantes.
L’ampleur de cette répression contre les anciens membres du gouvernement de Bazoum soulève des questions sur l’avenir politique du Niger et les défis auxquels le pays devra faire face pour restaurer la stabilité
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