Après l’expulsion des dirigeants de trois grandes compagnies pétrolières chinoises, le gouvernement nigérien tente de rassurer Pékin sur sa volonté de maintenir des relations solides avec son principal partenaire économique.
Le 13 mars dernier, trois hauts responsables des entreprises Soraz, CNPC et Wapco ont été contraints de quitter le Niger, une décision qui marque un tournant dans les relations entre Niamey et Pékin.
Officiellement, cette expulsion est justifiée par le non-respect de la législation locale, notamment sur la question de l’équité salariale et la « nigérisation » des effectifs.
Toutefois, ce bras de fer avec les investisseurs chinois intervient dans un contexte marqué par une sévère pénurie de carburant et une crise financière autour de la dette de la Sonidep, la société publique nigérienne de distribution pétrolière.
Lors d’une conférence de presse ce 19 mars, le ministre nigérien du Pétrole, Sahabi Oumarou, a tenté de calmer le jeu. Il a insisté sur le fait que la junte au pouvoir ne souhaitait pas une rupture avec la Chine et a appelé à des négociations.
Selon lui, Niamey exige, entre autres, une meilleure redistribution des revenus pétroliers, une harmonisation des salaires entre employés nigériens et expatriés chinois, ainsi qu’un remboursement de 80 milliards de F CFA d’arriérés d’impôts.
Un rapport de force délicat
La réaction de Pékin ne s’est pas encore officiellement manifestée, mais la Chine, principal investisseur au Niger, observe de près cette évolution. L’enjeu est d’autant plus stratégique que le pays sahélien tire l’essentiel de ses revenus pétroliers des entreprises sous contrôle chinois.
Cette situation s’inscrit dans une dynamique plus large de renégociation des accords économiques par plusieurs États d’Afrique de l’Ouest, notamment le Mali et le Burkina Faso, qui, comme le Niger, cherchent à revoir les termes de leurs coopérations avec des puissances étrangères.
Cependant, si Niamey pousse pour un rééquilibrage des relations, il devra composer avec la nécessité de préserver un partenariat vital pour son économie. Une rupture brutale avec Pékin pourrait fragiliser le secteur pétrolier naissant du pays, alors même que l’oléoduc vers le Bénin vient à peine d’être mis en service pour permettre les premières exportations de brut nigérien.
Le bras de fer entre le Niger et la Chine est donc loin d’être terminé, et les prochains mois seront décisifs pour déterminer si cette crise se transforme en opportunité de renégociation ou en rupture aux conséquences économiques majeures.
Suivez-nous sur Nasuba Infos via notre canal WhatsApp. Cliquez ici.
Views: 11