mercredi 2 avril 2025

L’AES et la Russie renforcent leur alliance : enjeux et perspectives de la rencontre de Moscou

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Les 3 et 4 avril 2025, les ministres des Affaires étrangères du Mali, du Burkina Faso et du Niger, réunis sous la bannière de la Confédération des États du Sahel (AES), seront à Moscou pour la première session des consultations AES-Russie. Cette visite, à l’invitation du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, marque une nouvelle étape dans l’intensification des relations entre l’alliance sahélienne et la Russie.

Un rapprochement stratégique

Depuis leur rupture avec la CEDEAO et leur réorientation diplomatique vers de nouveaux partenaires, les États de l’AES cherchent à asseoir leur souveraineté et à diversifier leurs alliances. Le choix de Moscou s’inscrit dans cette logique. Outre le volet diplomatique, la coopération russo-sahélienne couvre les secteurs de la défense, de l’énergie et du développement économique. La présence grandissante d’instructeurs russes et l’acquisition de matériel militaire auprès de la Russie témoignent d’un tournant stratégique visant à pallier le retrait des forces occidentales.

Un agenda diplomatique chargé

Selon le communiqué officiel de l’AES, ces consultations doivent permettre d’« établir des relations de coopération et de partenariat stratégique, pragmatique, dynamique et solidaire ». Derrière ces formules diplomatiques, plusieurs enjeux se dessinent :

• Sécuritaire : Face à la menace djihadiste persistante, les États de l’AES comptent sur Moscou pour un soutien militaire accru, notamment en termes d’armement et de formation des forces locales.

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• Économique et énergétique : La Russie, riche en hydrocarbures et en expertise minière, pourrait jouer un rôle clé dans l’exploitation des ressources sahéliennes, en échange d’un accès privilégié aux marchés locaux.

• Politique et diplomatique : Pour l’AES, ce rapprochement vise à renforcer sa position sur la scène internationale et à compenser son isolement vis-à-vis des organisations régionales africaines.

Un axe Moscou-Bamako en construction

Si cette coopération se renforce, elle ne va pas sans susciter des inquiétudes. En Afrique de l’Ouest comme en Occident, on observe avec attention l’influence croissante de la Russie dans une région autrefois sous forte tutelle française. L’engagement russe dans le Sahel, bien qu’officiellement basé sur le principe du respect de la souveraineté des États, s’accompagne de la présence de sociétés militaires privées comme Wagner, dont les actions en Afrique suscitent de nombreuses controverses.

La session de Moscou sera donc scrutée de près, tant pour ses implications immédiates que pour la direction qu’elle donnera à cette alliance émergente. Pour l’AES, il s’agit d’un pari sur l’avenir : celui d’une autonomie stratégique renforcée, mais aussi d’une dépendance accrue vis-à-vis d’un partenaire dont les ambitions en Afrique sont de plus en plus affirmées.

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