jeudi 14 novembre 2024

La caricature fait obstacle à la justice : Réplique à une rhétorique de déni

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Les récents écrits de Monsieur François Comlan ancien militant de la Renaissance du Bénin devenu militant du Parti les Démocrates sur la tentative présumée de coup d’État au Bénin ont tenté de transformer une affaire grave en une farce digne d’un mauvais scénario de fiction.

Pourtant, derrière l’ironie facile et le mépris affiché pour les institutions judiciaires, se cache un enjeu sérieux : celui de la sécurité et de la stabilité d’un État démocratique. Dénigrer les enquêtes en cours en les qualifiant de “mascarade” ou de “farce hollywoodienne” ne sert ni la vérité, ni la justice.

En réalité, cette posture cache mal une volonté de brouiller les pistes pour délégitimer tout effort de faire éclater la vérité sur une affaire potentiellement explosive.

L’irresponsabilité de la dérision

D’emblée, François Comlan adopte un ton sarcastique, suggérant que le Bénin aurait orchestré un coup d’État “sans soldats ni fusils”, insinuant ainsi que l’affaire est vide de substance. Toutefois, il s’agit d’une vision simpliste qui ignore les dynamiques complexes des coups d’État modernes.

Aujourd’hui, des coups d’État peuvent être planifiés sans l’éclat de fusils ou le déploiement immédiat de troupes. Ils peuvent commencer par des manœuvres financières, des alliances politiques secrètes et des tentatives de déstabilisation interne. Insinuer qu’un coup d’État ne peut exister sans soldats aux portes du palais est une lecture anachronique qui méconnaît les réalités contemporaines de la politique mondiale.

La justice ne peut être niée par la moquerie

Comlan critique la justice en avançant que les accusés ont été gardés au secret, empêchés de voir leurs avocats et que les preuves sont “volatiles”. Ces accusations graves appellent à une vigilance citoyenne, certes, mais elles ne doivent pas occulter les faits réels. Le travail de la justice, dans un cas aussi sensible qu’un coup d’État présumé, implique parfois des mesures temporaires pour préserver l’intégrité de l’enquête. Le fait que les suspects soient temporairement isolés ne signifie pas automatiquement qu’il y ait abus de pouvoir ou déni de justice.

Surtout, Comlan évite soigneusement de discuter en profondeur des éléments concrets avancés par l’accusation : des comptes bancaires suspects, des mouvements financiers inexpliqués et des relations douteuses entre les protagonistes. Ces faits méritent des réponses précises, pas des moqueries ou des dérobades rhétoriques. L’essence d’un procès judiciaire repose sur des faits et des preuves. Il est essentiel que ces éléments soient examinés en profondeur avant de balayer l’affaire d’un revers de main comme un simple “montage”.

Actes préparatoires : une menace latente

L’argument de Comlan selon lequel “les actes préparatoires ne sont pas punissables” est réducteur et néglige une nuance essentielle du droit pénal : un coup d’État ne se résume pas à son exécution finale. Ce sont souvent les préparatifs, les alliances secrètes, les collectes de fonds et les tentatives de corruption qui, bien que moins visibles que les chars d’assaut, représentent une menace tangible pour la stabilité nationale. Il est donc légitime que la justice se penche sur ces préparatifs lorsqu’il existe des indices crédibles. Ignorer ces signes avant-coureurs sous prétexte qu’il n’y a pas encore eu d’action violente, c’est choisir délibérément de fermer les yeux sur une menace potentielle.

De la responsabilité de protéger l’État

Les critiques de Comlan reposent aussi sur une dénonciation de la prétendue “cacophonie arithmétique” autour des comptes bancaires suspects. Ici encore, il détourne l’attention des faits importants. Oui, il y a eu des divergences dans les montants annoncés, mais cela n’invalide en rien l’importance de l’enquête sur ces fonds. Ce que la justice essaie d’élucider, c’est l’origine de ces sommes et leur éventuel usage dans un complot contre l’État. Rejeter cette enquête parce que des montants diffèrent, c’est choisir de disqualifier un processus qui cherche justement à établir la vérité.

Enfin, en se référant aux précédents de 2013, où Talon et Boko avaient été acquittés, Comlan essaie de dresser un parallèle fallacieux avec la situation actuelle. Mais chaque affaire est différente, et il serait irresponsable de préjuger de l’issue de l’enquête.

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