La Guinée-Bissau est une fois de plus le théâtre de tensions politiques avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). La mission dépêchée par l’organisation régionale pour faciliter un consensus en vue des élections générales de novembre 2025 a quitté précipitamment le pays après des menaces d’expulsion proférées par le président Umaro Sissoco Embalo.
Dirigée par l’ambassadeur Babatunde O. Ajisomo et Serigne Mamadou Ka, expert de la Commission électorale, l’équipe de médiation avait pour objectif de favoriser un dialogue inclusif afin d’éviter une nouvelle crise politique dans ce pays fragilisé par des décennies d’instabilité et de coups d’État. Mais la démarche n’a manifestement pas plu au chef de l’État, qui y a vu une ingérence jugée inacceptable.
Une opposition qui dérange
Selon un communiqué officiel de la mission, les émissaires de la Cédéao ont rencontré un large éventail d’acteurs politiques, y compris des figures de l’opposition. Ce point précis aurait particulièrement contrarié le président Embalo, en déplacement à l’étranger au moment des consultations.
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Pour Aristides Gomes, ancien Premier ministre, « Sissoco ne tolère pas d’initiatives qui remettent en cause son pouvoir personnel. Dès lors que la mission s’est entretenue avec des opposants, elle a franchi une ligne rouge. »
Cette crispation s’inscrit dans un climat politique tendu. L’opposition conteste la durée du mandat présidentiel d’Embalo, certains affirmant qu’il aurait dû s’achever fin février, alors que la Cour suprême de justice a statué qu’il prendrait fin le 4 septembre. Ce flou juridique nourrit les tensions et rend d’autant plus délicate la médiation de la Cédéao.
Un précédent inquiétant
Ce n’est pas la première fois qu’Umaro Sissoco Embalo se heurte à la Cédéao. Déjà en 2020, à la suite de sa prise de pouvoir controversée avec l’appui des forces de sécurité, il avait expulsé les représentants de l’organisation sous prétexte de non-ingérence. Une attitude qui rappelle ses récents démêlés avec la mission actuelle.
Malgré cet épisode houleux, la Cédéao entend poursuivre son travail. La feuille de route élaborée par la mission sera soumise à la présidence de la Commission de l’organisation, en espérant qu’une issue favorable soit trouvée avant les élections. Mais au vu des tensions actuelles, la question demeure : Umaro Sissoco Embalo acceptera-t-il de jouer le jeu du consensus démocratique ou choisira-t-il la confrontation ?
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