Le projet de Constitution de la 2ème République gabonaise, dévoilé en 2024, suscite à la fois l’espoir d’une refondation politique et des interrogations sur son impact réel.
Ce texte, destiné à réformer en profondeur les institutions du pays, est présenté comme une réponse aux événements du 30 août 2023, marquant un tournant dans la gouvernance gabonaise. Pourtant, il ne fait pas l’unanimité, entre promesses de renouveau et craintes de dérives.
Une volonté affichée de renouveau démocratique
Au cœur de ce projet, le Gabon se veut plus démocratique, plus transparent, et plus inclusif. La Constitution, fondée sur les principes de l’État de droit, propose un renforcement de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, une révision de la durée des mandats présidentiels (fixée à sept ans, renouvelable une seule fois), et un accent sur la transparence dans la gestion publique.
Le projet met aussi l’accent sur la représentativité, avec une inclusion renforcée des femmes, des jeunes et des personnes handicapées dans la sphère politique. Il accorde également un rôle majeur à la société civile, désormais reconnue comme une composante essentielle du processus démocratique.
Le texte consacre enfin la laïcité de l’État, affirmant la séparation des pouvoirs publics et des religions, et garantit des libertés fondamentales telles que la liberté de presse, de culte, et de réunion.
Des promesses écologiques et numériques
L’un des aspects innovants de cette Constitution est l’intégration explicite des enjeux écologiques et numériques. Le Gabon affirme son engagement pour la protection de l’environnement et la lutte contre les changements climatiques.
Parallèlement, la souveraineté du pays est réaffirmée sur les ressources naturelles, y compris dans le domaine numérique, un secteur stratégique pour le développement futur du pays.
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Des interrogations sur la réalité des réformes
Malgré ces engagements prometteurs, certaines voix s’élèvent pour souligner des zones d’ombre dans le texte.
Bien que le mandat présidentiel soit limité à deux mandats consécutifs, certains craignent que cela n’empêche pas des tentatives futures de prolongation du pouvoir par des moyens législatifs ou constitutionnels.
Le pouvoir présidentiel, bien que contrôlé, demeure centralisé, et le Président conserve une autorité prédominante sur le gouvernement et les institutions, ce qui soulève des doutes sur l’équilibre réel entre les pouvoirs.
En outre, la question de l’indépendance de la justice reste un sujet sensible. Si le texte réaffirme cette indépendance, certains observateurs pointent du doigt le manque de garanties concrètes pour protéger le pouvoir judiciaire des influences politiques.
De plus, la pratique des pouvoirs exceptionnels accordés au Président en cas de crise laisse planer une incertitude sur l’utilisation de ces mesures dans un cadre véritablement démocratique.
Un projet ambitieux, mais à quel prix ?
Enfin, le projet de Constitution met en avant la lutte contre la corruption et la transparence, mais il reste à voir si les moyens prévus seront suffisants pour rompre avec les pratiques opaques du passé.
Certains analystes expriment également des réserves sur la capacité réelle de ce texte à engager une transformation effective de la gestion publique, face à des structures étatiques encore largement centralisées et parfois inefficaces.
Un texte à l’épreuve du référendum
Ce projet de Constitution, perçu par ses défenseurs comme un « pacte républicain » moderne, sera soumis à référendum dans les prochains mois.
Si certains y voient l’espoir d’un avenir plus démocratique et inclusif pour le Gabon, d’autres craignent que les réformes ne soient que cosmétiques et qu’elles ne changent pas en profondeur la réalité du pouvoir dans le pays.
Ce texte, porteur d’espoir mais aussi de doutes, sera bientôt jugé par le peuple gabonais, seul maître de son destin.
Consultez le projet de Constitution ici.
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