Il fut un temps où le panafricanisme était une flamme pure, portée par des figures historiques visionnaires comme Kwame Nkrumah, Julius Nyerere et Patrice Lumumba. Leur combat avait un cap clair : l’unité africaine, l’émancipation totale du continent, et la souveraineté sans concession.
Aujourd’hui, cette noble cause, qui appelait à la dignité collective et au progrès, est bien souvent détournée par une nouvelle génération d’acteurs autoproclamés « résistants » ou « libérateurs », qui confondent militantisme et marketing populiste.
Ces faux panafricanistes ont des noms bien connus sur les réseaux sociaux : Kemi Seba, Francky Niamey , Nathalie Yamb et d’autres, bardés de slogans tapageurs et de punchlines taillées pour faire vibrer les foules virtuelles.
Leurs discours, nourris d’une rhétorique anti-occidentale systématique, frôlent l’hystérie complotiste, où toute coopération internationale devient un pacte satanique et où chaque dirigeant africain pragmatique est un « traître » en puissance.
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Du panafricanisme à la manipulation émotionnelle
Le véritable panafricanisme n’a jamais été un rejet en bloc de l’Occident, ni une posture de victimisation perpétuelle. C’était une idéologie basée sur le travail, l’éducation, l’économie productive et l’élévation des peuples africains par eux-mêmes. En revanche, les prêcheurs actuels préfèrent jouer la carte de la colère, s’érigeant en messies modernes qui connaissent tous les ennemis de l’Afrique… mais n’ont aucune solution tangible à proposer.
Leur arme fatale ? La simplification outrancière de problématiques complexes, servie à grand renfort de mises en scène dramatiques. Les plateformes numériques deviennent leurs estrades, où ils tiennent des procès publics contre l’impérialisme occidental supposé, tout en cultivant savamment le culte de leur propre personne. Résultat : un public souvent jeune, en quête de repères, se laisse séduire par ces faux prophètes.
Une idéologie lucrative
Ce panafricanisme de façade, qui se veut révolutionnaire, cache aussi un business bien rodé. Derrière les slogans enflammés, on trouve des réseaux de financement flous, des levées de fonds sans réelle transparence, et une monétisation massive de leur influence numérique. Leurs campagnes, bien orchestrées, sont plus proches du marketing politique que d’un véritable engagement.
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Pourtant, pendant qu’ils remplissent les salles de conférence et multiplient les vidéos virales, les vrais artisans de l’émancipation africaine, discrets mais efficaces, continuent leur travail de fourmi dans les coulisses : réformer les institutions, développer les infrastructures, ou encore renforcer les systèmes éducatifs.
Défendre le vrai héritage panafricaniste
Le combat pour une Afrique souveraine et prospère est trop précieux pour être laissé aux mains de ces illusionnistes. Si les peuples africains doivent rester vigilants face aux ingérences extérieures, ils doivent aussi se méfier des imposteurs de l’intérieur, qui utilisent la détresse sociale et l’indignation légitime comme tremplins personnels.
L’héritage des pères fondateurs mérite mieux que des slogans creux. Il exige des actes concrets, une vision structurée et une responsabilité morale. Ne nous laissons pas voler cet idéal par des aventuriers en quête de gloire éphémère. L’Afrique ne peut avancer qu’avec des bâtisseurs, pas des pyromanes.
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