Alger, le 7 avril 2025. La crise entre l’Algérie et les autorités de la Confédération des États du Sahel (CES) s’intensifie. Quelques heures seulement après avoir réagi avec virulence aux accusations maliennes et dénoncé une série de violations de son espace aérien, Alger vient de franchir un nouveau seuil dans l’escalade diplomatique : la fermeture totale de son espace aérien au Mali, à compter de ce lundi.
« Face aux violations répétées par l’État du Mali de notre espace aérien, le Gouvernement algérien a décidé la fermeture de ce dernier à la navigation aérienne en provenance ou à destination de l’État du Mali », précise un communiqué officiel, marquant un tournant dur et inédit dans les relations entre les deux pays voisins.
Une décision à forte portée politique et sécuritaire
Cette mesure constitue une riposte directe aux intrusions de drones maliens détectées à plusieurs reprises depuis août 2024, la dernière en date remontant à la nuit du 31 mars au 1er avril 2025. Selon Alger, ce drone avait effectué une incursion de 1,6 km dans l’espace aérien algérien avant d’adopter une trajectoire “offensive”, ce qui avait conduit les forces algériennes de défense à l’abattre.
La fermeture de l’espace aérien est un acte hautement symbolique et stratégique. Elle affectera non seulement les liaisons commerciales et civiles, mais pourrait également compliquer les opérations logistiques ou militaires maliennes, alors que le pays est engagé dans un conflit asymétrique contre plusieurs groupes armés dans le centre et le nord de son territoire.
LIRE AUSSI : Drone malien abattu : l’Algérie réagit fermement aux accusations de l’AES
Un isolement croissant du Mali
Cette nouvelle mesure confirme la dégradation spectaculaire des relations algéro-maliennes, autrefois portées par une coopération sécuritaire étroite. Alger, longtemps médiateur des Accords de paix de 2015, semble désormais tourner la page de son rôle d’arbitre, face à ce qu’elle considère comme l’hostilité délibérée d’une junte en perte de légitimité.
Le gel diplomatique est désormais complet : ambassadeurs rappelés, nouvel ambassadeur au Burkina Faso dont la prise de fonction est suspendue, et maintenant fermeture des airs. Pour Alger, cette réaction graduelle vise à répondre “avec fermeté” à des provocations répétées, mais elle entérine également une rupture assumée avec la CES, devenue selon elle une force “putschiste” animée par des intérêts personnels et détachée des réalités du peuple sahélien.
Une région en tension maximale
La fermeture de l’espace aérien algérien au Mali pourrait également avoir des répercussions régionales importantes, en particulier sur les relations économiques, les échanges humanitaires ou les routes de transit aérien utilisées par d’autres pays ou acteurs internationaux. Elle risque aussi de radicaliser davantage les régimes de transition, déjà engagés dans une logique d’affrontement avec plusieurs partenaires occidentaux et africains.
À mesure que les lignes diplomatiques se durcissent, une recomposition brutale des alliances s’opère au Sahel. L’Algérie semble désormais acter la fin de sa neutralité vis-à-vis de ses voisins dirigés par des juntes militaires. Reste à savoir si cette posture de fermeté servira ses intérêts stratégiques ou contribuera à isoler encore davantage une région déjà en proie à l’instabilité chronique.
Suivez-nous sur Nasuba Infos via notre canal WhatsApp. Cliquez ici.
Views: 0