mardi 25 mars 2025

Burkina Faso : l’escalade des disparitions inquiète

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La liberté d’expression est-elle en péril au Burkina Faso ? Ce lundi 24 mars, à Ouagadougou, deux figures du journalisme burkinabè, Guézouma Sanogo et Boukari Ouoba, ont été enlevées sans mandat par des hommes en civil se présentant comme des agents des renseignements burkinabè. Respectivement président et vice-président de l’Association des journalistes du Burkina Faso (AJB), ils ont été emmenés vers une destination inconnue.

Cette disparition intervient dans un climat de répression accrue. Une semaine plus tôt, plusieurs membres du mouvement politique Servir et non se servir (Sens) ont été enlevés, notamment son secrétaire national, Idrissa Barry. Ce dernier avait récemment dénoncé les exactions commises contre des civils peuls à Solenzo, attribuées à l’armée burkinabè et à ses supplétifs.

Une répression ciblée

L’enlèvement des journalistes s’ajoute à une série d’arrestations préoccupantes. L’AJB, dont ils sont les dirigeants, venait à peine de renouveler son bureau. Ce week-end encore, Guézouma Sanogo dénonçait des atteintes « jamais égalées » à la liberté d’expression depuis le putsch du capitaine Ibrahim Traoré en 2022. Il critiquait également la transformation des médias publics en outils de propagande au service de la junte.

Dans le même temps, le mouvement Sens subit une pression grandissante. Après l’arrestation d’Idrissa Barry, quatre autres membres de l’organisation ont disparu, enlevés par des hommes en civil. Ces disparitions ciblent des figures connues pour leur critique du pouvoir militaire, alimentant les craintes d’une volonté de museler toute voix discordante.

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Une liberté de plus en plus restreinte

Le Burkina Faso est déjà classé parmi les pays où la liberté de la presse est sous menace. L’enlèvement du journaliste Alain Alain, figure emblématique de la radio Oméga, le 13 juillet dernier, avait soulevé une vague d’indignation. Ce même jour, le lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni, connu pour son engagement dans la lutte contre le terrorisme, était également enlevé avec un camarade officier.

Ces disparitions en série suscitent des inquiétudes quant à une dérive autoritaire du régime en place. L’opacité qui entoure ces arrestations, l’absence de justification officielle et le silence des autorités renforcent l’impression d’un climat de peur et d’intimidation généralisé.

Face à cette escalade, les organisations de défense des droits de l’homme et les acteurs de la société civile demandent la libération immédiate et sans condition des personnes enlevées et appellent la communauté internationale à faire pression sur le régime de Ouagadougou. Le Burkina Faso, en proie à une insécurité croissante, peut-il encore se permettre d’éteindre ses dernières voix dissidentes ?

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