L’affaire Boko-Homeky, qui a secoué le Bénin en 2024, continue d’alimenter les débats juridiques. L’instruction menée par la Commission d’instruction de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a pris un tournant décisif à la fin de l’année 2024. En effet, l’ordonnance rendue fin décembre a renvoyé l’homme d’affaires Olivier Boko et l’ex-ministre Oswald Homéky devant la chambre de jugement pour leur procès, un acte juridique majeur dans cette affaire de tentative présumée de coup d’État contre le président Patrice Talon.
Des accusations graves et des renvois en jugement
Les deux hommes, ainsi que Hugues Adjigbékoun, proche collaborateur de Boko, sont désormais formellement accusés de complot, d’atteinte à la sûreté de l’État, de corruption d’agents publics et de blanchiment de capitaux. Ce renvoi en jugement fait suite à plusieurs mois de procédures et d’investigations menées par la CRIET. La Commission d’instruction, après avoir étudié les éléments du dossier, a estimé que les charges retenues justifiaient un procès devant la chambre criminelle de la juridiction.
Les accusés devront donc faire face à ces accusations graves au cours de la session criminelle prévue pour janvier 2025, bien que la date exacte du procès n’ait pas encore été communiquée aux parties prenantes. Le parquet spécial de la CRIET devrait informer les avocats de la défense prochainement.
Les recours multiples et l’issue défavorable pour la défense
L’affaire, qui a défrayé la chronique, a été marquée par des recours incessants de la défense. En effet, les avocats d’Olivier Boko et Oswald Homéky ont multiplié les exceptions de nullité devant la Cour constitutionnelle et la chambre des appels de la CRIET, mais toutes ont été rejetées. Les demandes d’annulation de la procédure et de mesures d’instruction complémentaires ont également été rejetées, confirmant ainsi la légalité et la rigueur de la procédure suivie.
Le refus systématique de la Cour constitutionnelle et de la chambre d’appel de la CRIET d’accepter les arguments de la défense démontre une solidité de la part des juridictions dans le traitement de ce dossier. L’exception d’inconstitutionnalité soulevée à plusieurs reprises, notamment pour contester certaines décisions judiciaires, a été déclarée irrecevable, conformément aux principes établis par la jurisprudence.
Les manœuvres dilatoires de la défense
Les avocats des accusés ont, par ailleurs, été accusés d’avoir utilisé les recours comme levier dilatoire pour ralentir le processus judiciaire. En effet, lors de leurs interventions, ils ont reconnu, dans un lapsus révélateur, que leurs recours avaient pour principal objectif de gagner du temps et qu’ils étaient conscients qu’ils allaient être rejetés. Cette déclaration a alimenté les spéculations sur la stratégie de défense qui semble plus axée sur des manoeuvres procédurales que sur la substance des accusations.
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Les dessous de l’affaire : une tentative de déstabilisation du pouvoir
L’affaire Boko-Homeky trouve son origine dans des faits présumés de tentative de coup d’État contre le régime du président Patrice Talon. Selon les révélations du procureur spécial de la CRIET, dès août 2024, Olivier Boko et Oswald Homéky auraient ouvert un compte bancaire au nom du commandant de la Garde républicaine, avec un premier dépôt de 105 millions de francs CFA. Plus tard, en septembre 2024, ils auraient remis 1,5 milliard de francs CFA en espèces à ce même commandant, dans des circonstances suspectes.
Ces faits, qui auraient impliqué des tentatives de corruption d’agents publics et des opérations financières douteuses, ont conduit à la mise en examen des deux accusés, ainsi qu’à leur placement en détention provisoire en octobre 2024. Bien que les deux hommes soient proches du pouvoir en place, l’affaire est perçue comme une tentative de déstabilisation des institutions béninoises, d’autant plus que des accusations graves de complot et de blanchiment de capitaux pèsent sur eux.
Un procès à venir
L’ordonnance de renvoi en jugement marque une étape cruciale dans cette affaire complexe, où les enjeux sont autant politiques que juridiques. Alors que les avocats des accusés semblent avoir utilisé la voie des recours comme un moyen de ralentir la procédure, la CRIET a montré une détermination à poursuivre le processus judiciaire dans le respect de la légalité.
Le procès, prévu pour janvier 2025, sera scruté de près, tant par les acteurs politiques et juridiques que par l’opinion publique, qui attend de voir comment cette affaire de tentative de coup d’État sera finalement tranchée. La défense devra faire face à des accusations sérieuses, tandis que la CRIET devra prouver la solidité de son enquête et de sa gestion de ce dossier sensible.
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