Hier encore, la toile était en ébullition. À peine les nouveaux ministres conseillers nommés, voilà que les réseaux sociaux s’enflamment avec des critiques bien senties : « On a préféré des dinosaures politiques à nos vaillants jeunes ! » Il fallait s’y attendre. Après tout, au Bénin, si ce n’est pas la température du jour qui nous divise, ce sera bien la composition des cabinets ministériels. Décidément, certains compatriotes aiment autant débattre que manger du piment : toujours avec intensité.
Mais avant de sortir les torches et fourches, posons-nous la question : que fait vraiment un ministre conseiller ? Spoiler : ils ne passent pas leurs journées à collectionner des tampons sur des papiers administratifs ni à débattre des nouveaux codes vestimentaires pour le Conseil des ministres. Leur mission est autrement plus ambitieuse : définir les grandes orientations politiques du gouvernement, suivre la mise en œuvre des réformes, et, cerise sur le gâteau, expliquer au peuple pourquoi tel ou tel choix gouvernemental mérite d’être applaudi (ou au moins toléré) . Un métier à haut risque dans une République où chaque citoyen est un expert… en tout.
Des “jeunes dinosaures” au pouvoir ?
Saviez-vous qu’on compte parmi ces 12 ministres conseillers des “bébés dinosaures” d’à peine 40 ans ? Oui, vous avez bien lu. Depuis 2016 déjà, le gouvernement a compté des ministres trentenaires. Pourtant, à 40 ans aujourd’hui, dans certaines sphères, on vous considère encore comme un novice. Mais paradoxalement, pour d’autres, vous êtes déjà un vieillard. La jeunesse, ce concept élastique…
Et si nous jetions un œil au tableau d’ensemble ? Plus de 90 % des fonctions clés — directeurs de cabinet, secrétaires généraux de ministère, conseillers techniques, directeurs généraux de sociétés publiques et responsables d’agences stratégiques — sont aujourd’hui occupées par des cadres d’à peine 40 ans. Une génération de trentenaires et quadragénaires qui jongle entre ambitions personnelles et impératifs nationaux, avec une maîtrise parfois étonnante, parfois hésitante. Alors non, la jeunesse n’a pas seulement un pied dans la porte : elle est installée dans le fauteuil de direction , souvent avec des responsabilités colossales.
Le Président, fossoyeur ou promoteur de la jeunesse ?
Derrière les critiques, une question lancinante émerge : le Chef de l’État aurait-il oublié la jeunesse ? Eh bien, rien n’est moins sûr. Depuis son arrivée, le Président de la République a promu un nombre impressionnant de jeunes talents dans les cercles décisionnels. Ces jeunes — souvent inconnus du grand public — siègent dans des comités stratégiques, pilotent des réformes et travaillent dans l’ombre pour façonner le futur du pays. Certes, ils ne sont pas sous les feux des projecteurs, mais si vous cherchez bien, vous y trouverez peut-être un parent, un ami, ou même ce neveu que vous pensiez incapable de rédiger un e-mail sans faute.
N’oublions pas non plus les critiques adressées au Président Talon à ses débuts. On lui reprochait alors de promouvoir davantage de jeunes technocrates compétents que de chercher un équilibre politique. Ironiquement, cette approche est aujourd’hui présentée comme un défaut, alors même qu’elle a permis à une nouvelle génération de prendre des responsabilités historiques.
Dinosaures et étoiles montantes : une alliance stratégique
Reconnaissons-le : en politique, l’expérience compte . Entre gérer une réforme complexe, négocier avec des partenaires internationaux et survivre à une campagne électorale mouvementée, il y a un monde. Les “dinosaures politiques”, comme on aime les appeler, ont le recul nécessaire pour anticiper les écueils. Quant aux jeunes, ils apportent une énergie nouvelle, des idées audacieuses et une maîtrise des outils modernes. Ensemble, ils forment un tandem complémentaire.
Le véritable enjeu, en réalité, réside dans la transmission. Nos leaders actuels — jeunes ou moins jeunes — ont une responsabilité cruciale : prendre la nouvelle génération par la main, l’encadrer et lui transmettre les ficelles du métier. Une nation ne se construit pas sur des oppositions stériles entre générations, mais sur un dialogue fécond où chaque voix compte.
Et vous, que faites-vous pour le Bénin ?
Alors, arrêtons de voir des dinosaures là où il n’y en a pas. Peut-être que ces figures expérimentées, associées à une jeunesse ambitieuse, forment la meilleure équipe pour bâtir un Bénin résolument tourné vers l’avenir.
Et si, au lieu de critiquer, nous retroussions nos manches ensemble ? Qui sait, vous pourriez bien être le prochain ministre conseiller, ou au moins celui qui propose une idée révolutionnaire. Après tout, la vraie question est : qu’attendez-vous pour contribuer à ce renouvellement ? Car, s’il y a bien une chose que ce gouvernement a démontrée, c’est que les compétences, lorsqu’elles s’expriment, trouvent toujours leur place, quel que soit le passé ou le bord politique .
Views: 769