Libreville – Isolé dans sa résidence de la Sablière depuis sa destitution le 30 août 2023, Ali Bongo Ondimba vit des jours empreints de frustration et de solitude. Dans une interview exclusive accordée à Jeune Afrique, l’ancien président gabonais, qui vient de fêter ses 66 ans, a exprimé son profond désarroi face au maintien en détention de son épouse Sylvia et de son fils Nourredin. Malgré ses appels répétés à leur libération, le régime de transition dirigé par Brice Clotaire Oligui Nguema reste sourd à ses demandes.
Une solitude pesante derrière les grilles de la Sablière
Selon le reportage de Jeune Afrique, Ali Bongo vit dans un complexe ultra-sécurisé, surveillé par des blindés et des soldats de la Garde républicaine. Si sa mère, Joséphine Kama (alias Patience Dabany), est à ses côtés, ses fils Jalil et Bilal ont quitté le pays, et les visites se font rares. Seul son ancien Premier ministre, Alain-Claude Bilie-By-Nze, s’est récemment entretenu avec lui.
« J’en ai marre… Cela fait un an et demi que Sylvia et Nourredin sont emprisonnés. Ils leur ont tout pris, tout confisqué », confie-t-il amèrement à Jeune Afrique. Il affirme que les accusations de détournements de fonds visant son épouse sont infondées et dénonce l’absence de preuves concrètes.
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Un dialogue impossible avec Brice Oligui Nguema
Toujours d’après Jeune Afrique, Ali Bongo aurait sollicité à plusieurs reprises une rencontre avec le président de la transition, sans succès. Lors d’une réunion familiale au Palais de bord de mer, des documents bancaires lui auraient été présentés comme des preuves de corruption, mais ABO assure n’avoir jamais possédé ces comptes. Frustré par ce qu’il perçoit comme une injustice, il s’exclame : « Ça suffit ! »
Un ancien président coupé de la réalité politique
L’interview révèle également l’incapacité d’Ali Bongo à reconnaître la réalité de sa chute. Il minimise la liesse populaire qui a suivi le coup d’État et critique la nouvelle direction du Parti démocratique gabonais (PDG). « Tout cela est contraire aux textes du parti », déplore-t-il à propos de la nomination de Blaise Louembé à la tête de la formation.
Amère et isolée, la figure d’Ali Bongo semble désormais appartenir au passé politique du Gabon. Comme le souligne Jeune Afrique, l’ancien chef d’État passe ses journées à remplir des grilles de sudoku, seul face à une chute qu’il refuse encore d’accepter.
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