Il est des affaires qui marquent l’histoire d’un pays, des scandales si profonds qu’ils dévoilent les fissures d’un système en apparence solide. L’affaire Homeky-Boko-Nieri, c’est bien plus qu’un simple procès : c’est la radiographie d’un réseau de pouvoir parallèle, prêt à tout pour s’emparer de l’État, quitte à briser la République sur l’autel de ses ambitions personnelles.
Oswald Homeky, Olivier Boko, Roch Nieri… des noms qui, il y a peu, incarnaient la réussite, la proximité avec les sommets de l’État. Aujourd’hui, ils symbolisent le cynisme politique dans toute sa splendeur : trahisons, corruption et complot contre la sûreté de l’État. Mais derrière les discours victimaire et les plaidoyers alambiqués de leurs soutiens, les faits sont là. Cruels. Incontestables.
Le rêve de grandeur, les preuves de la trahison
Dans la nuit du 23 au 24 septembre 2024, tout bascule. Oswald Homeky, ex-ministre des Sports, est arrêté avec une somme astronomique de 1,5 milliard de FCFA soigneusement empaquetée dans six valises, prêtes à être remises au commandant de la Garde républicaine. Cette somme, selon l’enquête, devait financer un projet audacieux : forcer le président de la République à démissionner sous la menace et organiser une « transition » favorable aux ambitions d’Olivier Boko, véritable instigateur de cette opération.
Les preuves s’enchaînent : faux documents, écoutes téléphoniques, changements de plaques d’immatriculation sur un véhicule acheté en toute hâte, assurances vie offertes à des complices clés, et surtout les aveux partiels du commandant de la Garde républicaine.
Olivier Boko, homme de l’ombre et financier puissant, apparaît comme le cerveau de l’opération. Les fonds mobilisés provenaient de sociétés écrans et de transactions opaques orchestrées par son beau-frère Roch Nieri, qui a fui dès l’ouverture de l’enquête. Une fuite qui vaut toutes les confessions.
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Une république à vendre
Le procès devant la CRIET n’a pas manqué de rebondissements. Le réquisitoire du procureur spécial a été d’une rare intensité, révélant au grand jour un plan minutieusement préparé, nourri par l’arrogance de ceux qui se croient intouchables.
« Ce coup d’État n’a pas besoin de chars ni de fusils », a martelé le procureur. « Il repose sur l’argent et la corruption. » Et effectivement, tout dans ce dossier porte la marque de la stratégie du chéquier : acheter des allégeances, soudoyer, offrir des « cadeaux » d’une valeur démesurée.
Oswald Homeky s’est transformé, le temps d’une opération, en véritable banquier du crime politique. Dons de millions de FCFA, bouteilles de champagne à 2 000 euros, polices d’assurance vie en Côte d’Ivoire à hauteur de 105 millions de FCFA, tout cela pour convaincre le commandant de la Garde républicaine de trahir son serment.
Les faux héros de la République
Mais que disaient les accusés face à cette avalanche de preuves ? Rien d’autre que des contradictions et des justifications ridicules.
• Homeky : « Cet argent servait à financer des activités politiques. »
• Boko : « C’est un emprunt entre amis. »
• Nieri : … silence, depuis sa planque à l’étranger.
Le peuple béninois n’est pas dupe. Le procès a révélé une vérité bien plus sombre : ces hommes, habitués à naviguer dans les cercles du pouvoir, ont cru pouvoir manipuler la République comme un simple pion sur l’échiquier de leurs ambitions.
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Un verdict pour l’histoire
La CRIET n’a pas fait dans la dentelle : 20 ans de prison ferme pour chacun, assortis d’amendes.
• 4,5 milliards de FCFA de sanction financière par tête.
• 60 milliards de FCFA à rembourser à l’État, histoire de rappeler que les tentatives de hold-up sur la République ont un coût.
• Saisie des fonds et des biens impliqués, parce que la République n’a pas vocation à sponsoriser ses fossoyeurs.
Un verdict à la hauteur de la gravité des faits. Ce procès, loin d’être une simple leçon, est devenu un signal fort adressé à tous ceux qui continueraient de rêver d’un coup d’État sur ordonnance. Le temps de l’impunité semble bel et bien révolu.
Le message est clair : le Bénin ne sera jamais la propriété d’une oligarchie d’opportunistes. Ce procès restera un symbole, une leçon pour tous ceux qui rêveraient encore de prendre en otage les institutions de la République.
La République survivra
L’affaire Homeky-Boko-Nieri est celle d’un avertissement. Les conspirateurs ont été démasqués et jugés, mais les cicatrices de cette tentative de déstabilisation resteront longtemps dans les esprits. Elle rappelle que la vigilance citoyenne est la seule véritable garante de la démocratie.
Et pour ceux qui, dans l’ombre, continuent de rêver de raccourcis vers le pouvoir, qu’ils sachent que la République veille.
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