L’affaire de complot contre l’autorité de l’État au Bénin, impliquant l’homme d’affaires Olivier Boko, l’ancien ministre des Sports Oswald Homeky et leur complice présumé Rock Nieri, a révélé des éléments troublants et des preuves accablantes. Les accusés, jugés par la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET), ont été condamnés à 20 ans de prison et à des amendes colossales. Cet article retrace les faits, les preuves et les arguments juridiques qui ont conduit à cette condamnation historique.
1. Les faits et les accusations
Les accusés sont poursuivis pour complot contre l’autorité de l’État, corruption d’agent public et fausse attestation. Selon l’accusation, ils auraient planifié un coup d’État visant à renverser le président Patrice Talon, en profitant de son absence lors du sommet de la Francophonie. Le plan incluait la corruption de hauts gradés militaires, notamment le colonel Djimon Tévoèdjrè, commandant de la Garde républicaine, et la mobilisation de fonds importants pour financer l’opération.
2. Les preuves accablantes
a. Le témoignage du colonel Djimon Tévoèdjrè
Le colonel Tévoèdjrè, figure centrale de l’affaire, a détaillé son rôle dans le complot présumé. Il a affirmé qu’Oswald Homeky l’avait approché dès mai 2024 pour organiser un coup d’État. Selon ses déclarations :
– Homeky lui aurait promis 1,5 milliard de FCFA pour rallier des militaires et assurer le succès de l’opération.
– Une partie des fonds devait servir à « intéresser » les participants et à garantir une sécurité financière en cas d’échec.
– Homeky aurait également offert une assurance-vie de 55 millions de FCFA au colonel, preuve matérielle de la tentative de corruption.
b. Les flux financiers suspects
L’enquête a révélé des mouvements financiers suspects impliquant les accusés :
– 600 millions de FCFA ont été retirés des comptes de la société GTP SARL, gérée par Rock Nieri, proche d’Olivier Boko.
– 250 millions de FCFA ont été transférés depuis un compte de la société PORTE’O au Togo, retrouvés au domicile d’Oswald Homeky.
– Ces fonds étaient destinés à financer l’opération, selon les déclarations du colonel Tévoèdjrè et les preuves bancaires.
c. Les mesures de dissimulation
Les accusés ont pris des précautions pour masquer leurs actions :
– Homeky a demandé à ses agents de sécurité de ne pas enregistrer les visites suspectes à son domicile.
– Un véhicule 4×4 Prado a été utilisé pour transporter les fonds, avec de fausses plaques d’immatriculation pour brouiller les pistes.
– Les accusés ont tenté d’effacer toute trace des transactions, mais les investigations ont permis de retracer l’origine des fonds.
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3. Les responsabilités individuelles
a. Oswald Homeky : l’instigateur présumé
Homeky est accusé d’avoir orchestré le complot et d’avoir corrompu le colonel Tévoèdjrè. Les preuves incluent :
– Des dons exceptionnels au colonel, dont une bouteille de champagne de luxe pour célébrer le succès du coup.
– La mobilisation de 1,5 milliard de FCFA, partiellement retrouvés chez lui.
– Des déclarations contradictoires sur l’origine et l’utilisation des fonds.
b. Olivier Boko : le financier et bénéficiaire
Boko est présenté comme le principal bénéficiaire du complot. Les éléments à charge incluent :
– Son implication dans le financement de l’opération via ses sociétés (GTP SARL et PORTE’O).
– Son objectif affiché de se présenter à l’élection présidentielle de 2026, rendu impossible par la réforme du Code électoral.
– Les témoignages de ses proches, dont Rock Nieri, confirmant son rôle central dans la mobilisation des fonds.
c. Rock Nieri : le complice financier
En fuite depuis l’ouverture de l’enquête, Nieri est accusé d’avoir facilité le financement du complot. Les preuves incluent :
– Les retraits massifs des comptes de GTP SARL, ordonnés par lui.
– Son absence prolongée, interprétée comme une conscience de culpabilité.
4. Le verdict et ses implications
Le 30 janvier 2025, la CRIET a rendu son verdict :
– 20 ans de prison pour Boko, Homeky et Nieri.
– Une amende de 4,5 milliards de FCFA pour chaque accusé.
– Une indemnisation solidaire de 60 milliards de FCFA à l’État béninois pour préjudice moral et matériel.
– La confiscation des fonds et du véhicule utilisés dans le complot.
Ce verdict envoie un message fort sur la détermination du Bénin à lutter contre la corruption et les menaces à la stabilité politique. Il souligne également le rôle crucial de la CRIET dans la répression des infractions économiques et terroristes.
Les preuves accablantes présentées lors du procès ont permis à la justice béninoise de rendre un verdict sévère, mais juste, renforçant ainsi la confiance dans les institutions judiciaires du pays. Cette affaire restera sans doute un cas d’école dans la lutte pour la préservation de la démocratie et de l’État de droit au Bénin.
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