Dans le cadre du procès pour complot contre la sûreté de l’État devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET), le procureur spécial Mario Metonou a présenté une série d’éléments visant à démontrer l’implication d’Olivier Boko dans la préparation et le financement du projet présumé de renversement du pouvoir. Son argumentation repose sur trois questions clés : Qui avait intérêt au projet ? Qui avait les moyens de le financer ? Qui l’a effectivement financé ?
1. Un bénéficiaire direct du complot
Le premier élément avancé par le procureur concerne la finalité du projet. Selon l’accusation, le principal bénéficiaire du complot allégué était Olivier Boko lui-même, dont l’objectif affiché était d’accéder à la magistrature suprême en 2026.
Plusieurs faits étayent cette affirmation :
• Oswald Homéky, principal co-accusé, a confirmé que son engagement politique après son départ du gouvernement en octobre 2023 visait exclusivement à soutenir Olivier Boko.
• Il a admis devant la commission d’instruction qu’il était le coordinateur de la “Dynamique OB 26”, un mouvement destiné à préparer l’élection de Boko en 2026.
• Le plan évoqué entre Homéky et le commandant de la Garde républicaine visait à contraindre le président en exercice à la démission, à réformer le code électoral et à organiser des élections favorables à Olivier Boko.
Ainsi, le procureur estime que le projet allégué de renversement du pouvoir servait exclusivement les intérêts d’Olivier Boko, ce qui motive son inculpation en tant qu’instigateur présumé du complot.
LIRE AUSSI : Affaire Boko – Homeky : la Cour a rendu son verdict
2. Le financement suspect du projet
Le deuxième axe du réquisitoire du parquet repose sur la question des moyens financiers. Pour le procureur, Oswald Homéky, avec des revenus annuels estimés à 70 millions de FCFA, ne pouvait matériellement pas assurer les largesses financières constatées dans ce dossier.
Parmi les dépenses suspectes relevées :
• Une donation de 5 millions de FCFA au commandant de la Garde républicaine en juin 2024, alors qu’Homéky n’avait jamais effectué un tel geste en huit ans d’amitié.
• La mise en place d’une assurance vie de 55 millions de FCFA pour le même commandant, une opération que Homéky n’aurait pu financer seul.
• Lorsqu’il a exprimé des réserves sur sa capacité à financer cette assurance, Homéky lui aurait répondu : “Ne t’en fais pas, le grand frère va s’en charger”, une expression désignant, selon l’enquête, Olivier Boko.
Le procureur en déduit que Boko était bien le véritable pourvoyeur de fonds du projet et qu’il a utilisé Homéky comme intermédiaire.
3. Un financement avéré et des preuves matérielles
La troisième question posée par le parquet est cruciale : Qui a réellement financé le projet ?
L’enquête a permis de retracer l’origine et le parcours des fonds utilisés dans cette affaire. Deux sources principales sont identifiées :
1. Les 600 millions de FCFA retirés des comptes de la société GTP SARL (gérée par un proche de Boko). Le comptable de l’entreprise, ADJIBEKOUN Hugues, a affirmé que cette somme a été remise à un certain “Ricardo” pour le compte d’Olivier Boko.
2. Les 250 millions de FCFA provenant de la société PORTE’O, retirés en espèces d’un compte à Ecobank Togo le 23 septembre 2024.
Ce dernier montant est particulièrement accablant, car :
• Il a été retiré sur ordre d’Olivier Boko.
• Il a été remis à Oswald Homéky le soir du 23 septembre 2024 à son domicile.
• Il a été retrouvé dans un véhicule appartenant à Homéky après son arrestation, avec des étiquettes bancaires prouvant son origine togolaise.
Selon le parquet, ces éléments démontrent que Boko a non seulement les moyens financiers, mais qu’il a concrètement financé l’opération.
LIRE AUSSI : Affaire complot contre la sûreté de l’État : le réquisitoire de Mario Metonou
4. Une responsabilité difficilement contestable
Au terme de cette démonstration, le procureur spécial conclut qu’Olivier Boko était le principal bénéficiaire du complot allégué, son principal financier et l’organisateur effectif du transfert des fonds nécessaires à sa mise en œuvre.
Ces preuves, issues d’investigations bancaires, de témoignages et de perquisitions, forment un faisceau d’indices graves et concordants qui pèsent lourdement contre l’homme d’affaires.
Ces éléments ont placé Olivier Boko au cœur de l’accusation et ont pesé lourd dans le verdict que la CRIET s’apprête à rendre.
Views: 2