jeudi 30 janvier 2025

Affaire de complot contre la sûreté de l’État : les preuves accablantes contre Oswald Homéky selon le procureur spécial

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Lors du procès pour complot contre la sûreté de l’État, le procureur spécial de la CRIET, Mario Metonou, a dressé un réquisitoire méthodique visant à démontrer la culpabilité d’Oswald Homéky. Selon l’accusation, l’ancien ministre des Sports aurait nourri, dès mars 2024, la volonté de provoquer un changement non constitutionnel du régime en place.

Cette résolution serait née après l’adoption de la réforme du Code électoral du 15 mars 2024, qui a rendu pratiquement impossible l’élection d’un candidat indépendant comme Olivier Boko à la présidence en 2026. Face à cette impasse politique, Oswald Homéky aurait amorcé une série d’actions visant à rallier le commandant de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Tévoèdjrè, au projet de renversement du régime.

Le parquet s’appuie sur une série de faits chronologiques, des témoignages et des preuves matérielles pour étayer ses accusations.

1. La tentative de corruption du commandant de la Garde républicaine

Le procureur a mis en lumière des gestes de générosité inhabituelle de la part d’Oswald Homéky envers le colonel Tévoèdjrè, qui était pourtant un simple “ami” de longue date.

Ces actes ont commencé après le vote de la réforme électorale, et se sont intensifiés à partir du 30 juin 2024 :

• Don de 5 millions de FCFA au colonel, un geste surprenant de la part d’un homme dont les revenus étaient en baisse après son départ du gouvernement.

• Proposition d’ouverture d’un compte bancaire en Côte d’Ivoire, prétendument non traçable, pour garantir au colonel une sécurité financière.

• Souscription d’une assurance vie à hauteur de 55 millions de FCFA, dont une preuve falsifiée indiquant un montant de 105 millions a été envoyée au colonel via WhatsApp, en “vue unique”.

• Remise d’une bouteille de champagne blanc de blanc Salon Mesnil, d’une valeur de 2000 euros, qui, selon le colonel, était destinée à célébrer le succès du coup d’État.

Pour le parquet, ces dons visaient à s’assurer la loyauté du colonel et à l’amener progressivement à adhérer au projet.

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2. La mobilisation et la remise des fonds suspects

L’un des éléments clés du dossier repose sur la découverte de 1,5 milliard de FCFA au domicile d’Oswald Homéky.

L’accusé a avancé différentes explications sur l’origine et la destination de cet argent, mais ses déclarations ont évolué au fil de l’enquête :

• Le 24 septembre 2024, il affirme que cet argent provient de ses économies et investissements personnels.

• Le 17 octobre 2024, il change de version et déclare que cet argent lui a été transmis par un certain Roch Niéri.

• L’enquête a pourtant établi que 250 millions de FCFA ont été envoyés depuis Lomé le 23 septembre 2024, par un émissaire de la société PORTE’O, une entreprise liée à Olivier Boko.

• Cet argent a été remis la nuit même au colonel Tévoèdjrè, un fait confirmé par l’enquête.

De plus, la thèse d’Oswald Homéky selon laquelle ces fonds servaient au financement d’activités politiques normales s’effondre face à plusieurs incohérences :

• Il a été incapable d’identifier les 803 unités politiques censées recevoir ces fonds.

• Il n’a fourni aucun détail sur la répartition des fonds ni sur leur mode de transmission.

• Il a lui-même indiqué au colonel qu’une partie des 1,5 milliard de FCFA devait servir à acheter la loyauté de certains officiers de l’armée et à assurer la sécurité financière du commandant de la Garde républicaine en cas d’échec du projet.

Ces éléments, corroborés par les déclarations du colonel Tévoèdjrè, établissent selon le parquet que cet argent était destiné à financer le coup d’État.

3. Des précautions inhabituelles pour masquer les preuves

Le comportement d’Oswald Homéky dans la nuit du 23 au 24 septembre 2024 suscite de nombreux soupçons. Plusieurs faits troublants ont été relevés :
• Il a demandé à ses agents de sécurité de quitter leur poste et de ne pas enregistrer les entrées et sorties cette nuit-là.
• Il a lui-même ouvert et fermé le portail lors de la venue de l’émissaire togolais transportant les fonds.
• Il a interdit à son personnel d’inscrire ces mouvements dans le registre de sécurité.

De plus, pour éviter toute connexion entre lui et les fonds, il a pris une précaution supplémentaire :

• Il a acheté un véhicule 4×4 PRADO deux jours avant la remise des fonds, sans le payer immédiatement.

• Il a fait enlever ses plaques d’immatriculation officielles et les a remplacées par de fausses plaques bleues.

• L’objectif était clair : dissocier son nom du véhicule qui transportait l’argent.

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4. Une responsabilité difficilement contestable

Au terme de son réquisitoire, le procureur spécial de la CRIET conclut qu’Oswald Homéky a non seulement résolu de commettre un attentat contre la sûreté de l’État, mais a aussi matérialisé cette résolution par des actes concrets.

Ces actes incluent :

1. Une tentative de corruption du chef de la sécurité présidentielle à travers des dons exceptionnels et une assurance vie.

2. La mobilisation et la remise de 1,5 milliard de FCFA, destinés à financer le projet de coup d’État.

3. Des mesures de dissimulation, telles que la modification des plaques du véhicule et l’effacement des traces de transactions.

Si la défense tente encore de nier ces accusations, la cohérence des faits et la concordance des témoignages rendent la thèse du parquet particulièrement solide.

Dans ce contexte, la responsabilité dans cette affaire semble difficilement contestable.

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