Le procès en cours sur la disparition de Pierre Urbain Dangnivo met en lumière des aspects troublants de la gouvernance de Boni Yayi. Entre contradictions, accusations de manipulation et implication présumée de figures clés de son régime, cette affaire judiciaire devient un révélateur du fonctionnement opaque du pouvoir de l’époque.
Un procès qui remonte à l’entourage du pouvoir
Au fil des trois jours d’audience, des éléments troublants ont émergé. Le colonel à la retraite Séverin Koumasségbo, ancien chef de la sécurité présidentielle, a admis avoir reçu une somme d’un million de FCFA des mains du chef de l’État, une révélation qui soulève des questions sur l’implication directe du sommet de l’exécutif dans cette affaire. À cela s’ajoute son étrange proximité avec plusieurs acteurs clés du dossier, notamment Donatien Amoussou et l’ex-DG de l’ORTB Julien Akpaki.
Le fait que le président de la cour ait ordonné la vérification des archives des audiences tenues au palais présidentiel à l’époque montre bien que des indices d’une possible orchestration existent. Pourquoi un chef de la sécurité présidentielle s’intéressait-il autant à une affaire criminelle qui aurait dû relever des services de police et de gendarmerie ?
Des incohérences troublantes et des manœuvres suspectes
Les témoignages successifs ont mis en évidence des contradictions majeures. Codjo Cossi Alofa, un des accusés centraux, a déclaré avoir été manipulé pour accuser un certain Tchiakpè Jérôme, présenté comme un bouc émissaire par les autorités de l’époque. Ce dernier, ancien détenu, affirme ne jamais avoir entendu parler de Pierre Urbain Dangnivo avant son arrestation.
L’implication d’éléments de la garde présidentielle et les tentatives de brouiller les pistes en orientant l’enquête vers des figures extérieures au cercle du pouvoir renforcent la thèse d’une volonté délibérée d’étouffer la vérité.
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Boni Yayi et son régime : un appareil répressif en action ?
Les audiences révèlent un mode de fonctionnement propre aux régimes où la justice est instrumentalisée. Sous Boni Yayi, l’appareil sécuritaire semble avoir servi à des desseins opaques, loin de sa mission régalienne. Le nom du président revient indirectement dans plusieurs témoignages, notamment à travers les actions de Koumasségbo, qui semble avoir agi avec une couverture politique.
Le cas de Donatien Amoussou, qui affirme avoir été sollicité pour déposer un téléphone à Océan FM sur ordre du colonel, renforce l’idée d’une machination impliquant des hautes sphères du pouvoir. Cette stratégie visant à orienter la narration et les preuves dans une direction spécifique s’apparente à des méthodes classiques de manipulation d’État.
Vers une mise en cause de Boni Yayi ?
Si, à ce stade du procès, aucune preuve directe n’incrimine Boni Yayi, la convergence des témoignages et des anomalies dans la gestion du dossier sous son mandat soulève de sérieuses interrogations. L’insistance du ministère public pour obtenir certaines pièces administratives, notamment celles liées aux archives du palais présidentiel, pourrait déboucher sur des révélations plus accablantes encore.
Ce procès dépasse désormais le simple cadre de la disparition de Pierre Urbain Dangnivo pour devenir une véritable mise en lumière des pratiques opaques sous le régime de Boni Yayi. Les révélations qui s’accumulent mettent en cause la gestion du pouvoir et soulèvent des doutes sur l’intégrité des mécanismes étatiques de l’époque. Si de nouveaux éléments venaient à confirmer ces soupçons, l’ancien président pourrait voir son héritage politique encore plus entaché par cette affaire.
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