vendredi 14 mars 2025

Affaire Dangnivo : l’accusé Alofa était déjà en prison au moment des faits

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L’affaire Pierre Urbain Dangnivo, qui secoue la justice béninoise depuis plus d’une décennie, continue de révéler des incohérences troublantes. Lors du procès en cours, Me Julien Aplogan, avocat de Codjo Alofa, a remis en question la solidité des accusations portées contre son client, pointant du doigt des éléments factuels incompatibles avec la version officielle.

Une impossibilité matérielle d’exécution du crime

Codjo Alofa est poursuivi pour l’assassinat de Pierre Urbain Dangnivo, disparu dans la nuit du 17 au 18 août 2010. Pourtant, selon son avocat, cette accusation est matériellement infondée : « Il était déjà en prison le 16 août 2010, alors que M. Dangnivo a disparu dans la nuit du 17 au 18. Ce qui fait que physiquement, ce n’est pas possible que notre client ait commis cet assassinat », affirme Me Aplogan.

Cette déclaration remet en cause l’ensemble de l’instruction et pose une question essentielle : pourquoi et sur quelle base Codjo Alofa a-t-il été impliqué dans ce crime ?

Des aveux extorqués sous la contrainte

L’un des principaux fondements de l’accusation repose sur les aveux de l’accusé. Cependant, Me Aplogan soutient que ces aveux ont été obtenus sous la contrainte : « Vous l’avez entendu à la barre, les conditions dans lesquelles ces aveux lui ont été extorqués. […] Il a été contraint de faire un certain nombre d’aveux, qu’il renie complètement aujourd’hui. »

Une telle situation soulève la question de la régularité des enquêtes menées sous le régime de Boni Yayi et met en lumière d’éventuelles pratiques d’intimidation ayant pu entacher la procédure.

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L’énigme du corps retrouvé : un ADN contesté ?

Un autre point de friction majeur réside dans l’identification du corps attribué à Pierre Urbain Dangnivo. Si l’expertise ADN a confirmé un lien de parenté avec la famille de la victime à plus de 99,99 %, la défense rejette l’idée que le corps retrouvé soit celui de Dangnivo.

« Nous disons que les tissus analysés ont été prélevés sur le corps de Dangnivo, mais que le corps trouvé chez notre client n’est pas celui de Dangnivo », affirme Me Aplogan. Cette déclaration suggère la possible existence d’un second corps et laisse entendre que la preuve matérielle du crime pourrait avoir été manipulée.

Une détention arbitraire et des atteintes aux droits de la défense

Codjo Alofa est en détention provisoire depuis plus de 15 ans, une situation dénoncée par la défense comme une violation flagrante de ses droits fondamentaux. « Il y a eu des décisions de la Cour constitutionnelle qui prouvent que la détention provisoire est anormalement longue », rappelle Me Aplogan, qui plaide pour l’acquittement immédiat de son client.

Cette détention prolongée, combinée aux zones d’ombre entourant l’enquête, soulève des interrogations sur le fonctionnement de la justice béninoise et la transparence des procédures engagées sous le régime précédent.

Un procès au-delà du cas Alofa : l’ombre du pouvoir Yayi

Au-delà de la culpabilité ou de l’innocence de Codjo Alofa, ce procès met en lumière des dysfonctionnements judiciaires profonds et une possible instrumentalisation politique de la justice sous l’ère Boni Yayi.

Si les éléments avancés par la défense sont avérés, ils pourraient révéler une tentative de manipulation des faits à des fins inavouées. La vérité judiciaire parviendra-t-elle à démêler ce dossier aux ramifications troubles ? L’acquittement de Codjo Alofa sonnerait alors comme un désaveu cinglant des méthodes employées à l’époque.

Ce procès, loin d’être un simple fait divers, pourrait devenir un symbole de la nécessité d’une réforme en profondeur du système judiciaire béninois.

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