(Cotonou, 12 mars 2025) – La deuxième journée du procès tant attendu de l’affaire Dangnivo a démarré sous haute tension avec l’audition de plusieurs figures clés du dossier. Le contrôleur général de police Enock LAOUROU, l’accusé Donatien AMOUSSOU et Codjo Cossi ALOFA ont livré des témoignages marqués par des divergences notables, obligeant la cour à suspendre l’audience à 11h25.
Enock LAOUROU à la barre : un témoin clé qui se défend
L’audience a repris à 10h11 avec l’appel des témoins et experts. Parmi eux : l’ancien ministre Bernard DAVO, le colonel KOUMASSEGBÔ (chef de sécurité de l’ancien président), et Enock LAOUROU, contrôleur général de police.
À 10h23, LAOUROU est appelé à la barre. Il affirme qu’en 2010, il était chef de service au renseignement et qu’il ne savait rien de l’affaire Dangnivo. Il relate un épisode marquant : « J’étais dans mon bureau au camp quand j’ai entendu du bruit. Un détenu tentait de s’échapper. C’était ALOFA. Des militaires ont aidé un gendarme à canne à le rattraper. » Mais cette version est rapidement contestée.
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Donatien AMOUSSOU accuse et Enock LAOUROU se défend
À 10h32, Donatien AMOUSSOU est à son tour interrogé. Il affirme reconnaître Enock LAOUROU et déclare que ce dernier ferait partie de ceux qui voulaient l’éliminer. Il l’accuse également de l’avoir forcé à avouer une implication dans l’affaire Dangnivo.
Face à ces accusations, LAOUROU nie en bloc et précise son rôle dans l’interpellation de Codjo Cossi ALOFA au Togo : « J’ai eu connaissance du numéro de téléphone qu’ALOFA utilisait en prison pour le localiser au Togo. Mais avant son interpellation, j’ai pris contact avec un collègue togolais. »
Alofa reconnaît avoir acheté un téléphone après son évasion
Interrogé à son tour, Codjo Cossi ALOFA donne sa version des faits : « Arrivé à Hilacondji, j’ai acheté un téléphone à 12 000 F avec une SIM. J’ai appelé la prison et on m’a dit que j’étais recherché. Ce ne sont pas les policiers togolais qui m’ont arrêté, c’est moi qui suis allé à la police. J’ai demandé à être remis à la justice béninoise. J’ai insisté pour ne pas être confié à la police béninoise, ce qui a intrigué les autorités togolaises. »
Il décrit ensuite les conditions de sa détention : « J’ai été enfermé pendant un an et dix jours, surveillé par 58 militaires de la garde présidentielle. Ceux qui m’ont fait sortir de prison étaient cagoulés, je n’ai pas vu leurs visages. »
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Des versions qui s’opposent, l’audience suspendue
Alors que l’échange devient de plus en plus houleux, Enock LAOUROU tente d’appuyer son témoignage en évoquant des travaux en cours près de l’ambassade de France à l’époque. Mais Donatien AMOUSSOU le contredit immédiatement :
« Monsieur le Président, il n’y avait pas de travaux à cet endroit. Il (LAOUROU) m’attendait quelque part pour m’éliminer. Le gendarme qui avait une canne n’a pas réussi à m’achever. Il est arrivé avec un pick-up et trois gendarmes. C’était un coup monté. »
Cette déclaration crée un moment de tension dans la salle, obligeant le président de céans à suspendre l’audience à 11h25.
Et maintenant ?
L’audience devrait reprendre sous peu avec d’autres confrontations qui s’annoncent déterminantes pour la suite du procès. La question de l’évasion d’ALOFA, des possibles pressions subies par AMOUSSOU et du rôle exact de LAOUROU reste au cœur des débats.
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