jeudi 30 janvier 2025

Affaire complot contre la sûreté de l’État : le réquisitoire de Mario Metonou

Partager

Le sixième jour du procès pour complot contre la sûreté de l’État a été marqué par un réquisitoire particulièrement incisif du Procureur Spécial de la CRIET, Mario Metonou. Face à une affaire aux multiples ramifications, il a déroulé une argumentation méthodique visant à établir la responsabilité des principaux accusés, notamment l’ancien ministre des Sports, Oswald Homéky, et l’homme d’affaires Olivier Boko.

À travers un réquisitoire structuré en trois axes – la réalité des faits, la faisabilité du projet de renversement du pouvoir et la qualification juridique des infractions – le représentant du ministère public a cherché à convaincre la cour de la solidité des charges retenues.

Un projet minutieusement préparé ?

Dès l’ouverture de son intervention, Mario Metonou est revenu sur les événements de la nuit du 23 au 24 septembre 2024, moment où Oswald Homéky aurait remis au commandant de la Garde républicaine une somme de 1,5 milliard de FCFA. Ce montant, selon l’accusation, devait permettre de financer un plan visant à isoler le Président de la République dans son bureau et à l’obliger à démissionner.

Le procureur a décrit un processus de corruption progressive du commandant de la Garde républicaine, à coups de cadeaux luxueux, de promesses financières et de versements successifs. Il a également mis en avant des transactions suspectes, notamment des retraits d’importantes sommes d’argent depuis des entreprises liées à Olivier Boko. Pour lui, il ne fait aucun doute que ce dernier était le véritable architecte financier du complot.

LIRE AUSSI : Bénin : Olivier Boko réagit aux réquisitions du ministère public

Un plan jugé réalisable par l’accusation

Face aux critiques affirmant que ce projet manquait de réalisme, le procureur a dégagé une ligne de défense offensive. Il a rappelé que plusieurs coups d’État en Afrique avaient été initiés par des Gardes présidentielles, citant notamment les cas récents du Gabon et du Niger. Selon lui, la proximité du commandant de la Garde républicaine avec le Chef de l’État rendait ce projet plausible.

« L’histoire de notre pays nous enseigne qu’un coup de force peut se dérouler sans effusion de sang, en contraignant un président à la démission », a-t-il souligné, citant des précédents béninois.

Le poids du droit : complot ou simple spéculation ?

Sur le plan juridique, Mario Metonou a tenu à distinguer clairement le « complot contre la sûreté de l’État » de l’« attentat contre la sûreté de l’État ». Selon lui, contrairement à ce que pourrait laisser penser l’opinion publique, il n’est pas nécessaire qu’un coup d’État soit exécuté pour que l’infraction de complot soit constituée.

L’article 194 du Code pénal béninois stipule que le simple fait qu’un groupe d’individus prenne la résolution d’attenter à l’ordre constitutionnel, et matérialise cette volonté par des actes, suffit à caractériser le complot. Or, dans cette affaire, la remise de fonds, la tentative de corruption et la planification alléguée d’une prise de pouvoir sont autant d’éléments qui, selon l’accusation, prouvent l’intention criminelle des accusés.

À cela s’ajoute l’infraction de corruption d’agent public, également retenue contre les prévenus. La multiplication des faveurs accordées au commandant de la Garde républicaine est perçue comme une tentative manifeste d’obtenir son adhésion au projet.

Acquittement des accusés

Le procureur spécial a requis l’acquittement des accusés suivants, estimant que les charges retenues contre eux ne sont pas suffisamment établies :

  • SANOUSSI Ganiou
  • ADJIGBEKOU Hugues
  • GBAGUIDI Corneille

LIRE AUSSI : Bénin : 10 ans de réclusion demandés pour Boko et Homeky, 20 ans pour Rock Nieri

Condamnations et qualifications des infractions

En revanche, le procureur a demandé que BOKO Olivier, HOMEKY Oswald et NIEIRI Roch soient déclarés coupables des faits de complot contre la sûreté de l’État et de corruption d’agent public national.

Par ailleurs, il a requis que HOMEKY Oswald soit également déclaré coupable de faux et usage de faux.

Peines requises

Le procureur spécial a sollicité les peines suivantes :

  • Roch NIEIRI:
      • 20 ans de réclusion criminelle
      • Amende ferme de 4 500 000 000 FCFA
      • Paiement des frais de justice
  • BOKO Olivier et HOMEKY Oswald:
      • 10 ans de réclusion criminelle chacun
      • Amende ferme de 4 500 000 000 FCFA chacun
      • Paiement des frais de justice

Confiscations au profit de l’État

Le procureur a également requis la confiscation des biens suivants au profit de l’État :

      • 1 500 000 000 FCFA, saisis au domicile de HOMEKY Oswald
      • Un véhicule de marque Toyota PRADO, immatriculé BR 0635

Constitution de partie civile et indemnisation

L’Agent judiciaire du Trésor, représentant l’État béninois, a été reçu en sa constitution de partie civile. Le procureur a demandé que sa requête d’indemnisation soit accordée, en réparation des préjudices subis par l’État.

Prochaines étapes

Le tribunal devra maintenant examiner ces réquisitions et rendre son verdict. Cette affaire, qui suscite un vif intérêt dans l’opinion publique, représente un enjeu majeur pour la justice et la lutte contre la corruption au Bénin.

Views: 45

Plus d'actualités

Articles Populaires

You cannot copy content of this page