L’affaire Boko, déjà riche en rebondissements judiciaires, a connu hier un nouvel épisode aussi étonnant qu’embarrassant pour la défense. Lors d’une audience récente devant la Cour constitutionnelle, l’avocat principal des inculpés, maître Ayodele, a fait une déclaration inattendue qui s’apparente à un lapsus révélateur, offrant un rare moment de franchise dans une affaire où les stratégies procédurales semblent dominer.
Un aveu inattendu
Dans une intervention devant la Cour constitutionnelle, maître Ayodele a laissé entendre que les multiples recours introduits par la défense étaient avant tout des manœuvres dilatoires. Il aurait admis, presque par inadvertance, que la défense savait pertinemment que ses exceptions d’inconstitutionnalité seraient rejetées. Une déclaration qui a immédiatement attiré l’attention du représentant de la CRIET, lequel a tenté de faire consigner cet aveu dans le procès-verbal.
Cependant, conscient de l’impact potentiellement dévastateur de ses propos sur la crédibilité de la défense, maître Ayodele s’est rapidement rétracté, tentant de minimiser la portée de ses déclarations. Ce rétropédalage n’a toutefois pas échappé aux observateurs présents, qui n’ont pas manqué d’y voir une confirmation implicite des critiques formulées contre les démarches de la défense.
Un contexte procédural déjà controversé
Cet épisode intervient dans un climat où les avocats des inculpés sont accusés d’utiliser les mécanismes d’exception d’inconstitutionnalité à des fins purement stratégiques, pour ralentir la procédure judiciaire. La Cour constitutionnelle avait récemment rejeté deux exceptions soulevées par la défense : l’une visant le refus d’une remise de cause par la CRIET, et l’autre contestant la procédure écrite prévue par l’article 12 du Code de procédure pénale.
LIRE AUSSI : Bénin : Le déficit électrique sera comblé, promet le Président Patrice Talon
Ces rejets avaient déjà fragilisé la position de la défense, en soulignant l’absence de fondement juridique des exceptions présentées. L’aveu accidentel de maître Ayodele vient désormais renforcer l’idée que ces recours n’étaient pas destinés à faire triompher le droit, mais à gagner du temps ou à discréditer les procédures de la CRIET.
Une stratégie à double tranchant
Si les avocats de la défense espéraient influencer l’opinion publique ou semer le doute sur la régularité de l’instruction, ce lapsus pourrait produire l’effet inverse. En reconnaissant, même brièvement, que les recours étaient voués à l’échec, maître Ayodele a indirectement validé la position de la CRIET et de la Cour constitutionnelle, qui avaient dénoncé l’usage abusif des mécanismes juridiques.
Cette maladresse met également en lumière une contradiction flagrante dans la stratégie de la défense : alors qu’elle affirme se battre pour la justice et la protection des droits fondamentaux, elle semble utiliser les recours judiciaires comme des outils tactiques, au mépris des principes qu’elle prétend défendre.
L’affaire Boko continue d’exposer les tensions entre stratégie judiciaire et impératifs de justice. Ce lapsus révélateur de maître Ayodele illustre les limites d’une défense qui, en cherchant à instrumentaliser les règles de procédure, risque de compromettre la crédibilité de ses arguments.
Alors que la Cour constitutionnelle et la CRIET maintiennent une ligne juridique claire , cet épisode pourrait marquer un tournant dans cette affaire hautement médiatisée.
Views: 209