Derrière les apparences d’un discours empreint de sagesse et d’union, Adrien Houngbédji aurait-il prémédité un scénario bien plus calculé dès le jour de la fusion entre le Parti du Renouveau Démocratique (PRD) et l’Union Progressiste (UP) en 2022 ? À bien relire ses propos et à observer les récents événements, la thèse d’un acte prémédité se dessine avec une clarté troublante.
Retour en août 2022
Sous les projecteurs, l’ancien président du PRD célèbre la fusion comme un acte historique. Dans un discours soigneusement construit, il insiste sur l’importance de la confiance, ce ciment indispensable à l’unité politique. Il se vante même d’avoir signé les statuts du nouveau parti sans les lire, par pure confiance en ses partenaires.
« Le jour où nous aurons besoin d’un tribunal pour nous départager, c’est que la confiance aura déjà disparu », déclarait-il avec emphase. Mais ce qui semblait être un gage de sincérité pourrait bien cacher une prise de position stratégique, posant les bases d’un futur affrontement soigneusement planifié.
La trahison programmée
En s’engageant dans cette fusion, Adrien Houngbédji savait qu’il entrait dans un jeu d’alliances fragile. Il connaissait la méfiance historique entre les héritiers politiques de l’UP et du PRD. Il l’a même rappelé dans son discours : une « longue tradition de luttes, de conflits et de trahisons ». Dès lors, pourquoi aurait-il signé des documents sans les lire, sinon pour se réserver l’opportunité d’en dénoncer les conséquences au moment opportun ?
La suite des événements semble confirmer cette stratégie. Après l’échec de ses attentes personnelles – aucun poste clé, ni de ministre conseiller, ni de siège au Conseil économique et social (CES) – Houngbédji dégaine la seconde tête du serpent Amansê, prête à frapper.
Le discours de l’unité cède brusquement la place à celui de la trahison et de l’exclusion, comme un signal que l’heure est venue d’activer le plan B.
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Un calcul froid et méthodique
Ce qui semblait être un acte d’unité était-il, en réalité, un calcul minutieux ? Loin de se dissoudre humblement dans l’Union Progressiste-Le Renouveau, Adrien Houngbédji avait sans doute déjà anticipé la suite : se positionner en victime d’un système qu’il accuse de l’avoir marginalisé. Ce rôle de victime lui permet aujourd’hui de mobiliser les nostalgiques du PRD et de raviver la flamme d’un parti qu’il prétend disparu, mais toujours vivant dans l’ombre.
Tout était-il déjà écrit dans cette fameuse signature sans lecture ? Ce geste pourrait être interprété comme le premier acte d’une pièce savamment orchestrée, destinée à se conclure par une dénonciation retentissante.
Le retour du patriarche rancunier
Au lieu de se contenter d’un rôle honorifique, Adrien Houngbédji choisit de revenir sur le devant de la scène avec un discours acerbe. Lors de la cérémonie des vœux, il s’en prend à Patrice Talon sans jamais le nommer, insinuant que l’exclusion politique serait à l’origine de la récente tentative de coup d’État. Une justification à peine voilée, frôlant la provocation.
Mais ce n’est pas tout. Il prend la défense d’Olivier Boko, présenté comme une victime d’un système judiciaire partial, et appelle à une grâce présidentielle pour certains détenus.
Un chantage à peine déguisé ? Peut-être. Mais Talon n’aime ni les piques voilées ni les alliances mouvantes.
Un dernier tour de piste ou la fin d’une époque ?
Adrien Houngbédji aurait pu se retirer en sage de la République, tel un bâtisseur désintéressé. Mais il a préféré jouer une dernière carte, celle du vieux crocodile en quête de reconnaissance. Courtisé aujourd’hui par certains proches du parti Les Démocrates, il devient le nouveau porte-voix d’une opposition opportuniste, en quête de figures emblématiques pour étoffer ses rangs.
Le secrétaire à la communication des Démocrates s’est même mué en attaché de presse de l’ancien président du PRD, partageant ses moindres déclarations. Mais cette alliance contre-nature ne trompe personne.
Houngbédji n’a jamais changé. Il reste fidèle à lui-même : un acteur politique toujours à la recherche du vent favorable.
Le temps des tacticiens touche-t-il à sa fin ?
Alors que la réforme du système partisan montre ses premiers signes d’efficacité, le temps des opportunistes semble toucher à sa fin. La jeunesse béninoise, mieux informée et plus vigilante, pourrait bien mettre un terme à ces jeux de dupes.
Adrien Houngbédji continuera-t-il son petit commerce de convictions jusqu’à la dernière élection ? Ou sera-t-il le dernier représentant d’une classe politique en voie de disparition, celle des tacticiens sans principes, toujours prêts à troquer leur passé glorieux contre une promesse d’avenir incertain ?
L’histoire seule tranchera.
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