Depuis la prise de pouvoir par le général Abdourahamane Tiani au Niger, les relations entre Niamey et Abuja sont devenues un terrain miné de déclarations incendiaires. La dernière salve en date, une série d’accusations contre le Nigeria, a provoqué une riposte ferme des autorités nigérianes, déterminées à défendre leur honneur et leur souveraineté.
Tiani et ses accusations : des allégations explosives
Dans un discours largement relayé, Tiani a affirmé que la France et le Nigeria collaboreraient dans l’ombre pour établir des bases militaires au nord du Nigeria, notamment à Borno et Sokoto. Ces installations, selon lui, serviraient de plateformes pour des opérations visant à déstabiliser le Niger et d’autres nations ouest-africaines. Il est allé plus loin en accusant des figures nigérianes de premier plan, y compris le président Bola Tinubu et d’anciens responsables des renseignements, de complicité avec Paris dans le financement de groupes terroristes tels que Boko Haram.
Abuja contre-attaque : un démenti catégorique
Face à ces accusations graves, la réponse nigériane ne s’est pas fait attendre. Par la voix de son ministre de l’Information, le Nigeria a balayé ces affirmations comme des “élucubrations sans fondement”. Le porte-parole présidentiel Bayo Onanuga, dans une déclaration cinglante, a qualifié les propos de Tiani de “propagande mensongère visant à ternir l’image internationale du Nigeria”. Il a réaffirmé que le pays ne céderait pas “un pouce de son territoire à une quelconque puissance étrangère”.
Le ministère des Affaires étrangères a également rejeté les allégations, réitérant l’engagement du Nigeria à entretenir des relations pacifiques avec ses voisins, tout en protégeant son intégrité territoriale.
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Une stratégie de diversion ?
Dans ses critiques, le ministre de l’Information a accusé Tiani d’utiliser ces accusations pour détourner l’attention des difficultés rencontrées par son régime. Cette stratégie de bouc émissaire, selon les autorités nigérianes, vise à éviter les discussions sur les failles économiques et sécuritaires qui minent la gouvernance du Niger depuis le coup d’État.
Entre scepticisme et appels à la transparence
Cependant, les accusations de Tiani ont trouvé un écho auprès de certains acteurs au Nigeria. La Ligue des démocrates du Nord (LND), tout en dénonçant l’absence de preuves tangibles, a estimé que des accusations d’une telle gravité méritaient une enquête approfondie. Selon eux, la proximité affichée entre Tinubu et la France soulève des interrogations légitimes.
La LND a ainsi exhorté le gouvernement fédéral à clarifier la situation pour restaurer la confiance des Nigérians, particulièrement dans le Nord, région durement frappée par l’insurrection de Boko Haram. L’organisation a également appelé le Parlement à lancer une enquête indépendante pour lever toute ambiguïté.
Un contexte sous haute tension
Ces échanges musclés interviennent dans un climat diplomatique tendu en Afrique de l’Ouest, marqué par des rivalités régionales exacerbées et la présence controversée de forces étrangères, notamment françaises. Alors que le régime de Tiani tente de renforcer sa légitimité face à une opposition internationale croissante, le Nigeria, pivot régional, cherche à préserver sa stabilité intérieure et son leadership.
La confrontation verbale entre Niamey et Abuja n’est donc pas qu’un simple échange de mots : elle reflète les luttes géopolitiques et sécuritaires qui redéfinissent actuellement l’équilibre du pouvoir en Afrique de l’Ouest. Mais pour le moment, la bataille des récits penche clairement en faveur du Nigeria, dont les autorités semblent déterminées à ne pas laisser ces accusations sans réponse.
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