dimanche 13 avril 2025

2026 au Bénin : trois scrutins, un cap républicain à préserver

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Dans un an jour pour jour, les Béninois iront aux urnes pour choisir leur président. Ce scrutin, combiné aux législatives et aux communales, s’annonce comme l’un des tournants politiques les plus sensibles de l’ère post-conférence nationale. Alors que la majorité s’organise pour l’après-Talon, l’opposition tente une recomposition autour d’une figure historique frappée d’inéligibilité constitutionnelle.

Le 12 avril 2026, le Bénin fera face à un moment de vérité démocratique. Jamais depuis le renouveau démocratique de 1990, une année n’aura été aussi stratégiquement chargée : présidentielles, législatives et communales seront organisées dans un intervalle resserré. Cette concentration électorale résulte des réformes votées en 2019 par la majorité parlementaire – des réformes contestées par l’opposition, mais conformes aux standards démocratiques en vigueur : la loi, dans une République, s’impose à tous une fois votée.

Talon part, l’État reste

Patrice Talon achèvera son second et dernier mandat en 2026. Contrairement à plusieurs de ses homologues de la sous-région, il n’a pas cherché à modifier la Constitution pour se représenter. Ce geste, sobre mais fort, mérite d’être salué. Il témoigne d’une volonté de consolider l’État plutôt que de le personnaliser.

Dans les coulisses, la majorité s’active pour désigner un successeur capable de défendre son bilan et d’assurer une transition stable. Plusieurs noms circulent, mais la stratégie du silence domine encore.

Yayi ne peut revenir, mais son ombre plane

Dans l’opposition, les regards se tournent à nouveau vers Boni Yayi. Pourtant, il ne pourra pas être candidat : la Constitution interdit formellement un troisième mandat, même non consécutif. L’ancien président, bien que juridiquement hors course, demeure une figure centrale. Il multiplie les prises de parole, les déplacements et tente visiblement de reconfigurer son camp en vue de 2026.

Plusieurs noms émergent de son entourage proche : son fils Nasser Yayi, souvent présenté comme un héritier politique naturel ; Rachelle Yayi, sa fille, que certains verraient comme colistière dans un duo familial inédit ; mais aussi des alliés historiques ou récents tels que Éric Houndété, Noureni Atchadé, Adam, Sounon Kondé ou Kamel Wassangari.

Cette diversité reflète une opposition en quête de figure consensuelle, mais aussi soucieuse d’éviter les erreurs de fragmentation du passé.

LIRE AUSSI : Patrice Talon, l’obsession du résultat : 9 ans de pouvoir, entre rigueur et transformation silencieuse

Aïvo et Madougou : hors-jeu judiciaire, pas politique ?

Deux figures emblématiques de la présidentielle de 2021, Joël Aïvo et Reckya Madougou, sont aujourd’hui absentes du débat électoral. Non pas en raison d’une censure politique, mais parce qu’elles ont été condamnées à l’issue de procès en bonne et due forme. Aucune grâce présidentielle n’ayant été prononcée à ce jour, elles restent juridiquement inéligibles pour 2026.

La confusion entretenue entre justice et politique dans ces cas n’aide ni la transparence du débat, ni l’équilibre institutionnel. Il est essentiel de respecter la séparation des pouvoirs et de ne pas instrumentaliser le judiciaire à des fins de discours militant.

Trois scrutins pour une démocratie

Le Bénin est attendu. Par ses citoyens, mais aussi par ses partenaires et voisins. Il est scruté comme une démocratie qui résiste dans une région instable. L’enjeu de 2026 n’est pas seulement électoral : il est existentiel. Il engage notre capacité à démontrer que nous sommes capables d’organiser des élections transparentes, pluralistes, sécurisées et pacifiques.

Cela suppose une CENA exemplaire, une Cour constitutionnelle ferme et équilibrée, une presse libre et responsable, et surtout, une classe politique à la hauteur de l’enjeu historique.

Un cap républicain à défendre

Le Bénin ne peut pas se permettre de reculer. En 2026, il devra montrer qu’il a tiré les leçons du passé sans renier ses acquis. Il devra prouver que l’alternance peut se faire dans la paix, que l’inclusion n’exclut pas le respect des règles, et que la République n’est pas une posture mais un engagement durable.

Ce qui est en jeu, ce n’est pas qu’un nom ou un parti. C’est notre capacité à préserver la République dans un contexte où elle vacille ailleurs. Soyons à la hauteur.

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