C’est un tournant majeur dans la transition politique gabonaise. Ce samedi 8 mars 2025, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la Transition, a déposé son dossier de candidature auprès de la Commission nationale d’organisation et de coordination des élections et du référendum (CNOCER). Mais au-delà de cette formalité électorale, l’annonce qui a marqué les esprits est la création de son mouvement politique, Les Bâtisseurs, qu’il veut inclusif et fédérateur.
Une candidature mise en scène avec une démonstration de force
Après avoir franchi toutes les étapes préliminaires – retrait du dossier de candidature, examens médicaux et tests linguistiques – le chef de la Transition a choisi de donner une dimension hautement symbolique à son dépôt de candidature. En compagnie de son épouse, Zita Oligui Nguema, il a effectué une marche vers le ministère de l’Intérieur, entouré d’un imposant cortège de partisans et escorté au son des fanfares.
Le convoi, parti de la présidence de la République, a pris la direction de l’avenue de Cointet, où se situe le siège du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité. Là, il a été accueilli par le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, avant de se rendre à la porte 203, lieu d’enregistrement des candidatures. Cette arrivée en grande pompe a été perçue comme une démonstration de force, témoignant de son ancrage populaire et de la structuration avancée de sa campagne.
Ce dépôt de candidature intervient après l’acceptation officielle, par le ministère de la Défense nationale, de sa demande de mise à disponibilité, une étape essentielle pour qu’il puisse se présenter à l’élection présidentielle.
“Je suis apte à faire de la politique et à occuper la fonction supérieure”
Face à la presse, Brice Clotaire Oligui Nguema a tenu à clarifier son statut. « Je suis heureux aujourd’hui de vous informer que le ministère de la Défense nationale a répondu favorablement à ma mise à disponibilité. C’est dire qu’aujourd’hui, et depuis le 27 février 2025, je suis apte à faire de la politique et même à occuper la fonction supérieure », a-t-il affirmé.
Sur la question de son positionnement politique, le général-candidat a écarté la création d’un parti, préférant s’appuyer sur une plateforme plus large et fédératrice. « Je pense qu’à l’heure actuelle, il n’y a pas de raison de créer un parti. Le temps ne nous le permet pas. Mais comme pour les autres, j’irai en indépendant. Je mettrai en place une plateforme que nous allons appeler Les Bâtisseurs. Et au sein de cette plateforme, j’invite les associations, les partis politiques, les syndicats, la jeunesse, l’élite intellectuelle, tous ceux qui m’ont soutenu depuis le début de la transition, à y adhérer. Ensemble, nous bâtirons ce pays et irons de l’avant », a-t-il conclu.
“Les Bâtisseurs” : un mouvement pour fédérer
L’annonce de la création de Les Bâtisseurs vient confirmer la stratégie du chef de la Transition : rassembler au-delà des clivages partisans. Plutôt qu’un parti classique, cette plateforme se veut un espace inclusif destiné à mobiliser l’ensemble des forces vives du pays.
Le choix du nom est révélateur : il traduit une ambition de reconstruction et de renouveau après la chute du régime d’Ali Bongo en août dernier. En lançant cette structure, Oligui Nguema cherche à consolider son assise électorale et à canaliser le soutien dont il bénéficie au sein de la population et de la classe politique.
Une candidature qui s’impose
Brice Clotaire Oligui Nguema fait partie des premiers candidats à avoir déposé leur dossier, parmi la trentaine de personnalités ayant retiré leur fiche de candidature auprès de la CNOCER. Si la commission électorale doit encore examiner les dossiers, peu de doutes subsistent quant à la validation du sien, tant son équipe s’est mobilisée pour assurer sa conformité.
À cinq semaines du scrutin du 12 avril, cette séquence marque un tournant dans la course présidentielle. En associant force symbolique et mobilisation populaire, le général Oligui Nguema affirme encore un peu plus son statut d’acteur incontournable du paysage politique gabonais. Reste désormais à voir comment ses adversaires répondront à cette démonstration de puissance et si l’élan des Bâtisseurs suffira à le mener vers la victoire.
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