lundi 10 mars 2025

Nicéphore Soglo s’exprime sur la situation politique et économique du Bénin

Partager

Trente ans après son départ du pouvoir, l’ancien président béninois Nicéphore Soglo revient dans un entretien accordé à Radio France Internationale (RFI) sur les grands choix économiques et politiques de son mandat. Il évoque la dévaluation du franc CFA en 1994, critique l’absence de vision de ses successeurs et plaide pour une monnaie unique en Afrique de l’Ouest. Il interpelle également le président Patrice Talon sur la situation des opposants emprisonnés et livre ses attentes à l’approche de la présidentielle de 2026.

« La France a imposé la dévaluation du franc CFA »

Interrogé par RFI sur la crise monétaire de 1994, Nicéphore Soglo affirme que la dévaluation du franc CFA de 50 % avait été imposée par la France : « C’est la France qui devait payer, mais son Premier ministre de l’époque, Édouard Balladur, a refusé. Que pouvions-nous faire ? On ne pouvait pas forcer la France à payer les dettes des anciennes colonies. »

Malgré la brutalité du choc économique, il estime que cette dévaluation a permis à certains pays africains de rebondir : « Ceux qui ont survécu ont dû s’adapter et trouver leurs propres solutions. Moi, j’ai dit à l’époque qu’il fallait industrialiser l’Afrique, notamment dans le secteur du coton. »

Une monnaie unique pour l’Afrique de l’Ouest

Aujourd’hui encore, le débat sur l’avenir du franc CFA reste central. Faut-il une monnaie nationale pour chaque pays ou une monnaie commune à la région ? L’ancien président plaide pour une union monétaire inspirée du modèle européen : « Pourquoi ce que l’Europe a réussi après la guerre, nous ne pourrions pas le faire ? Nous devons créer une monnaie commune. Les peuples du Nigeria, du Bénin, du Togo sont les mêmes. »

LIRE AUSSI : Bénin : Ce que m’inspire la visite de l’ancien Président Nicéphore Soglo à la GDIZ

« En 2025, tous les prisonniers politiques doivent être libérés »

Mais c’est surtout sur l’état des libertés publiques au Bénin que Nicéphore Soglo se montre le plus critique. Selon lui, ses successeurs n’ont pas su préserver l’élan démocratique qu’il avait initié : « Moi, je n’ai jamais mis quelqu’un en prison ni envoyé des gens en exil. Aujourd’hui, la situation est irrespirable. »

S’adressant directement au président Patrice Talon, il lance un appel pressant : « Cette année, 2025, tu dois libérer tous les prisonniers politiques : Reckya Madougou, le professeur Joël Aïvo… Et tu dois permettre à mon fils, Leady, à qui tu as collé 10 ans, de recouvrer la liberté. Ça va durer combien de temps ? »

Selon lui, ses demandes restent pour l’instant sans réponse : « Pour le moment, il ne me répond pas correctement. »

Une présidentielle sous tension

À un an de l’élection présidentielle de 2026, Nicéphore Soglo se dit confiant sur l’avenir politique du Bénin : « Mon peuple a la capacité de rebondir. D’abord, on aura libéré tous les prisonniers politiques et les exilés seront rentrés. Alors, ils pourront dire au président Talon ce qu’ils pensent de sa manière de gouverner. »

Et si Patrice Talon décidait de rester au pouvoir ? L’ancien président se montre catégorique : « S’il ne quitte pas le pouvoir, il aura choisi son destin. »

Un rôle de médiateur dans la crise Niger-Bénin

Dans cet entretien avec RFI, Nicéphore Soglo revient également sur son rôle de médiateur dans la crise diplomatique entre le Niger et le Bénin. En 2023, avec Boni Yayi, il avait tenté d’obtenir la réouverture de la frontière entre les deux pays, sans succès. Pourtant, il annonce une nouvelle tentative : « Je suis invité à nouveau par le général Tiani. J’irai avec le professeur Boni Yayi, comme la dernière fois. »

Il attend désormais l’arrivée de l’ambassadeur du Niger au Bénin pour finaliser les discussions.

Un retour en politique ?

À un an de la présidentielle, cet entretien donne l’image d’un homme toujours engagé dans la vie politique béninoise. Sa prise de position en faveur des opposants et son implication dans la médiation régionale posent la question de son rôle futur : simple conseiller ou figure de proue d’une recomposition de l’opposition ?

Quoi qu’il en soit, à travers cet échange avec RFI, Nicéphore Soglo envoie un message clair : il n’a pas dit son dernier mot.

Suivez-nous sur Nasuba Infos via notre canal WhatsApp. Cliquez ici. 

Views: 0

Plus d'actualités

Articles Populaires

You cannot copy content of this page