Le 11 janvier 2026, les citoyens béninois se rendront aux urnes pour un double scrutin d’envergure : les élections législatives et les élections communales et municipales. Cette échéance électorale marquera un tournant décisif dans l’évolution politique du pays, notamment en raison des réformes électorales récentes qui redessinent profondément le paysage politique et les conditions d’accès au pouvoir.
Les députés élus à l’issue de ces élections seront installés le 6 février 2026 pour un mandat de cinq ans, inaugurant ainsi la 10ᵉ législature. Parallèlement, les nouveaux conseils communaux et municipaux entreront en fonction le 15 février 2026. Ce scrutin, le premier du genre sous le régime des élections générales instauré en 2019, vise à harmoniser les cycles électoraux et à renforcer la stabilité institutionnelle.
Un cadre électoral profondément remanié
Depuis les réformes constitutionnelles et électorales de 2019, le Bénin a adopté un calendrier électoral restructuré, régi par la loi n° 2019-40 du 7 novembre 2019 et la loi n° 2019-43 du 15 novembre 2019. Ces textes ont introduit une synchronisation inédite des scrutins, dans un souci de rationalisation politique et de renforcement de la participation citoyenne.
Le nouveau cadre électoral repose sur plusieurs principes fondamentaux :
- Une meilleure cohérence dans l’organisation des scrutins, afin d’éviter la multiplication des échéances et de favoriser une meilleure planification politique.
- Un renforcement de la légitimité des élus, en imposant des critères plus stricts pour la représentativité des partis.
- Une rationalisation des partis politiques, limitant la prolifération des petites formations et favorisant des blocs politiques plus solides.
Un calendrier électoral exigeant
Le processus électoral obéit à un calendrier précis qui impose aux partis politiques une rigueur accrue dans la préparation de leurs candidatures :
- Élections législatives: les candidatures doivent être déposées au plus tard le 12 novembre 2025, soit 60 jours avant le scrutin.
- Élections communales et municipales: les candidatures doivent être soumises au plus tard le 28 octobre 2025, soit 75 jours avant le vote.
Ces délais, stricts et encadrés, exigent une planification méthodique des formations politiques, tant sur le plan logistique que stratégique.
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Des réformes électorales de 2024 aux implications majeures
Dans la nuit du 5 au 6 mars 2024, le Parlement béninois a adopté d’importantes modifications du Code électoral à travers la Loi N°2024-13 du 15 mars 2024, renforçant ainsi les exigences pour les formations politiques. Parmi les réformes phares :
- Un quota de parrainage de 15 %des maires ou députés sur au moins trois cinquièmes des circonscriptions électorales pour se présenter à l’élection présidentielle.
- Un relèvement du seuil électoralde 10 % à 20 % des voix nationales pour obtenir des sièges aux élections législatives et locales.
Si ces mesures visent officiellement à renforcer la représentativité des élus, elles constituent aussi un défi stratégique et logistique majeur pour les partis, contraints de revoir leurs méthodes de mobilisation et leurs alliances.
Les forces politiques en lice : des stratégies en mutation
Face à cette nouvelle donne, les principaux partis politiques affinent leurs stratégies et redéploient leurs forces sur le terrain. Les formations attendues pour ces scrutins sont :
- Union Progressiste le Renouveau (UPR): majoritaire à l’Assemblée nationale, ce parti devra consolider son implantation territoriale.
- Bloc Républicain (BR): partenaire clé du pouvoir, il cherchera à asseoir son influence dans les conseils municipaux.
- Les Démocrates (LD): principale force d’opposition, leur défi sera de surmonter les obstacles réglementaires et de fédérer une base électorale solide.
- Renaissance Nationale (RN): nouveau venu dans l’arène politique, ce parti tentera de capitaliser sur l’aspiration au renouveau démocratique.
- Moele Bénin: bien que plus modeste, cette formation mise sur une présence active sur le terrain pour se faire une place parmi les grands.
L’enjeu est double : assurer une implantation locale décisive pour influencer les scrutins nationaux et négocier des alliances stratégiques permettant d’optimiser les résultats.
Un enjeu politique à plusieurs niveaux
Les élections générales de 2026 se jouent à deux échelles :
- Au niveau local: les conseils municipaux et communaux constituent un réservoir de cadres politiques pour l’avenir et un levier pour asseoir l’influence des partis.
- Au niveau national: les élections législatives détermineront la composition du Parlement, impactant ainsi les rapports de force en vue de l’élection présidentielle d’avril 2026.
Les résultats de ces scrutins conditionneront les stratégies pour la présidentielle et définiront les nouvelles dynamiques du pouvoir.
Le rôle central des partis politiques dans l’organisation du scrutin
Les partis politiques ne se contentent pas de concourir aux élections : ils en sont des acteurs de premier plan, influençant le processus électoral lui-même. Leurs actions impactent :
- Le dépôt et la validation des candidatures, moments clés où s’opèrent les ajustements stratégiques.
- Les interactions avec la Commission Électorale Nationale Autonome (CENA), qui régule et contrôle le bon déroulement du scrutin.
- Les négociations d’alliances et la gestion des litiges électoraux, qui peuvent influencer l’issue du processus.
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Les défis à relever pour garantir un scrutin crédible
Malgré leur rôle prépondérant, les partis doivent surmonter plusieurs obstacles :
- Assurer une compétition électorale équitable, notamment en matière d’accès aux financements et aux médias.
- Mobiliser l’électorat, en particulier les jeunes et les femmes, souvent sous-représentés parmi les candidats et les électeurs.
- Prévenir les contestations électorales, qui peuvent fragiliser la stabilité politique du pays.
Un test crucial pour la démocratie béninoise
Les élections générales de 2026 ne sont pas qu’un simple exercice démocratique : elles constituent un test de résilience pour les institutions du pays. Leur réussite reposera sur plusieurs éléments clés :
- La transparence et l’équité du processus.
- Le respect des règles et des délais électoraux.
- L’acceptation des résultats par l’ensemble des acteurs.
À travers ces élections, le Bénin devra prouver sa capacité à organiser un scrutin crédible et apaisé, confirmant ainsi son engagement en faveur du Renouveau démocratique.
Les partis, maîtres du temps politique
Dans cet environnement en pleine mutation, les partis politiques sont les véritables maîtres de l’horloge électorale. Ils rythment le tempo du scrutin, influencent les dynamiques de campagne et façonnent les équilibres du pouvoir. À travers leurs alliances, leurs stratégies et leur capacité à mobiliser, ils définiront l’orientation politique du Bénin pour les années à venir. Le 11 janvier 2026 ne sera donc pas seulement une date électorale, mais une véritable épreuve de force pour l’ensemble de la classe politique béninoise.
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