samedi 19 avril 2025

Bénin / Le parti PRD : Adrien Houngbédji, l’homme-orchestre d’un retour fantôme ?

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Le 21 août 2022, Adrien Houngbédji signait en grande pompe l’acte de fusion entre son PRD et l’Union Progressiste, donnant naissance à l’Union Progressiste Le Renouveau (UPR). Une alliance historique, disait-on. Un acte de dépassement, clamait-on. Une promesse de confiance retrouvée, jurait-on. Deux ans plus tard, c’est un goût amer qui reste en bouche : celui d’une fusion trahie par les sous-entendus, les non-dits et les résurgences suspectes.

Depuis février 2025, des communiqués surgissent, émanant de prétendus “secrétaires généraux adjoints du PRD” ou de “sections locales” du parti. Problème : le PRD n’existe plus dans les registres officiels du Ministère de l’Intérieur. Juridiquement, l’affaire est classée. Politiquement, elle ne l’est manifestement pas.

Alors, qui parle au nom du PRD ? Mieux encore : qui manœuvre dans l’ombre de ce parti supposé dissous ? Tous les regards se tournent vers un seul homme : Adrien Houngbédji, l’éternel stratège, celui qui a trop longtemps confondu héritage et emprise.

Le “sage” qui refuse de passer la main ?

Houngbédji, dans son discours de fusion, évoquait avec lyrisme la confiance comme un “pari réciproque”, une “feuille de papier qui, une fois froissée, ne retrouve plus sa forme initiale”. Ce même Houngbédji, dans un geste théâtral, affirmait avoir signé les statuts de la fusion sans les lire, par “confiance”.

Mais deux ans plus tard, il devient de plus en plus évident que cette confiance n’était qu’un instrument narratif, pas un engagement réel. En coulisse, les réseaux PRD n’ont jamais été véritablement dissous. Pire : ils sont réactivés à des fins politiques manifestes, entre nostalgie du pouvoir et volonté de rester incontournable dans le jeu à venir.

Des tracts comme armes de pression

Les communiqués clandestins de février et mars, non signés par une autorité légale, mais disséminés dans la presse et sur les réseaux sociaux, ne relèvent pas de l’initiative individuelle. Ils obéissent à une stratégie. Celle d’un homme qui sait manier les silences comme les coups de théâtre. Adrien Houngbédji s’est peut-être retiré officiellement, mais tout indique qu’il continue d’exercer une influence tentaculaire. Certains diront : c’est du mentorat. D’autres répondront : c’est une prise d’otage politique de la fusion.

Et c’est bien là le paradoxe : prêcher la paix, tout en entretenant le soupçon ; parler de transmission, tout en contrôlant la marionnette ; se dire engagé dans une nouvelle formation, tout en soufflant à l’oreille des anciens militants les notes d’un refrain nationaliste PRD.

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L’UPR piégée dans un mariage à trois

La situation actuelle est intenable pour l’Union Progressiste Le Renouveau. Officiellement, le PRD est en elle. Dans la réalité, le PRD agit comme un corps étranger, indiscipliné, rebelle, sournois. Ce double discours mine la crédibilité du parti, sape la discipline interne et brouille l’image d’un renouveau voulu rassembleur. Il faut le dire clairement : on ne peut pas appartenir à un parti dissous et continuer à parler en son nom, sans créer une crise de légitimité.

Adrien Houngbédji : le scorpion qui pique la grenouille ?

Lors de son discours en 2022, Houngbédji lui-même invoquait la fable du scorpion et de la grenouille : “Le scorpion qui pique la grenouille en pleine traversée cause leur perte à tous deux.” Une mise en garde prophétique ? Peut-être. Mais aujourd’hui, la grenouille UPR sent la piqûre. Et le scorpion a un nom.

Ce double-jeu n’est pas simplement un caprice d’ancien combattant. C’est une opération de sabotage feutrée, qui risque de faire voler en éclats le projet d’unité progressiste. Et à l’approche des élections générales de 2026, le timing n’est pas un hasard. C’est un levier de chantage politique, destiné à rappeler que le vieux PRD, bien que mort, peut encore nuire. Ou se reconstituer ailleurs.

Quel avenir pour les jeunes militants ?

Ce jeu cynique a une conséquence dramatique : il tue l’espérance de la nouvelle génération. Celle-là même que Houngbédji appelait à l’engagement en 2022. Ces jeunes qui croyaient à un nouveau départ se retrouvent pris dans un théâtre d’ombres. Les plus lucides s’en détournent déjà. Les autres attendent une clarification qui tarde.

Le moment de vérité

Le Bénin ne peut se permettre d’être l’otage des fantômes politiques. Si Adrien Houngbédji croit encore en la politique, qu’il parle à visage découvert. Sinon, qu’il accepte enfin le silence digne des grands hommes qui ont fait leur temps. Car à force de manipuler les ruines, on finit par s’y enterrer soi-même.

Le PRD est mort ?

Qu’il repose en paix. Mais surtout : qu’on le laisse reposer.

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