(Par notre envoyé spécial à Washington). Washington, 23 avril 2025. Un jalon historique vient d’être franchi dans la lutte contre le changement climatique en Afrique de l’Ouest. En marge des Assemblées de printemps du FMI et de la Banque mondiale, le Bénin et ses partenaires internationaux ont signé ce mercredi à Washington un Mémorandum-Cadre inédit pour le financement climatique, positionnant le pays comme pionnier dans l’alignement des politiques économiques et environnementales.
Autour de la table : le gouvernement béninois, représenté par le ministre d’État chargé de l’économie et des finances, Romuald Wadagni, ainsi que les dirigeants de plusieurs grandes institutions multilatérales, dont le Groupe de la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD), la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB), et le Fonds OPEC. Ensemble, ils entendent accélérer la mise en œuvre d’une matrice commune de réformes et d’investissements pour soutenir les objectifs climatiques du Bénin.
Une première en Afrique de l’Ouest
C’est une première pour un pays africain : la signature d’un cadre coordonné impliquant autant de partenaires financiers autour d’une vision climatique unifiée. Cette démarche, appuyée par les engagements pris lors de la Table ronde de Cotonou en 2024 et de la COP29 à Bakou, vise à intégrer pleinement l’action climatique dans la planification macroéconomique nationale.
« Ce Mémorandum-Cadre marque une étape majeure dans notre cheminement vers un Bénin beaucoup plus résilient face au climat », a souligné Romuald Wadagni. « Avec le soutien de nos partenaires, nous pouvons ouvrir la voie à un avenir plus vert, plus durable et économiquement viable ».
Une dynamique de financement déjà lancée
Le Fonds OPEC a d’ores et déjà engagé 30 millions d’euros dans ce cadre, tandis que l’Union européenne prévoit une première contribution de 28 millions d’euros dès 2025. D’autres appuis sont attendus dans les mois à venir, alors que le pays s’emploie à structurer ses instruments financiers, notamment via les obligations vertes, les financements mixtes et les mécanismes de l’article 6 de l’Accord de Paris.
Le Mémorandum vise également à renforcer les capacités institutionnelles, améliorer la gouvernance climatique et mobiliser le secteur privé, notamment par le biais d’outils innovants de monétisation du carbone.
Un levier pour la croissance, l’emploi et l’inclusion
Pour Marie-Chantal Uwanyiligira, directrice régionale de la Banque mondiale, « ce moment charnière illustre la puissance d’une coordination forte entre bailleurs et partenaires locaux ». Elle salue le « leadership du Bénin » et annonce que la Banque mondiale poursuivra son soutien, notamment à travers des opérations budgétaires alignées sur la stratégie de développement durable du pays.
Même son de cloche du côté d’IFC. « L’élargissement des sources de financement pour renforcer la résilience du Bénin est crucial », a déclaré Olivier Buyoya, directeur régional de la Société financière internationale pour l’Afrique de l’Ouest. « Nous sommes fiers de soutenir le développement des marchés financiers béninois et de catalyser l’investissement privé ».
Une plateforme climatique qui se structure
Au-delà du symbole, la signature du mémorandum enclenche la phase opérationnelle de la Plateforme de Financement Climatique du Bénin. Celle-ci comprend déjà plusieurs volets en cours de déploiement : instruments de crédit renforcés, financements hybrides, et mécanismes d’atténuation et d’adaptation.
Le pari du Bénin est clair : faire du climat non pas une contrainte, mais une opportunité de réforme économique, de modernisation des infrastructures, et surtout, de création d’emplois pour les jeunes générations. Dans un contexte mondial marqué par la montée des risques climatiques, l’initiative béninoise pourrait bien faire école sur le continent.
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