Alors qu’ils clament haut et fort leur rejet des influences occidentales, les dirigeants dit souverainistes du Niger n’hésitent pas à tendre la main au Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir des financements. Dernière preuve en date : le décaissement de 51 millions de dollars annoncé par l’institution financière. Une contradiction flagrante qui soulève des questions sur l’intégrité des discours souverainistes face à leurs actes.
Un double discours au sommet de l’État
Depuis le coup d’État de juillet 2023, les nouvelles autorités nigériennes se présentent comme les champions d’une rupture avec l’Occident. Pourtant, ce financement du FMI, présenté comme une aide économique pour accompagner la reprise post-crise, semble révéler une réalité bien différente. Si l’aide internationale est justifiée par la fragilité économique du Niger, il est légitime de se demander à quoi serviront réellement ces fonds.
Les souverainistes, tout en dénonçant les anciennes pratiques de dépendance, empruntent exactement le même chemin en sollicitant les institutions qu’ils critiquent publiquement. Ce décalage alimente le doute sur leurs intentions réelles : servent-ils les intérêts du peuple ou leurs propres agendas ?
Une manne financière aux résultats incertains
Le FMI projette une croissance de 8,8 % en 2024, largement soutenue par la production pétrolière. Mais cette prévision ne garantit ni une réduction des inégalités ni une amélioration des conditions de vie des Nigériens. L’histoire récente des décaissements similaires dans des contextes similaires montre qu’une grande partie des fonds finit souvent par disparaître dans des circuits opaques, alimentant les réseaux de corruption.
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Les institutions internationales, bien que conscientes des risques élevés de mauvaise gestion, continuent de financer les régimes sous prétexte de stabilité macroéconomique. Et pendant ce temps, le fossé entre les discours enflammés des souverainistes et leurs actes opportunistes ne cesse de se creuser.
Une gestion des ressources au service de qui ?
Le pétrole, qui est au cœur des projections optimistes du FMI, pourrait être une bénédiction pour le Niger. Mais les pratiques de gouvernance laissent craindre une exploitation au bénéfice d’une élite restreinte, bien loin des promesses de souveraineté et de justice sociale. En effet, plutôt que de promouvoir une gestion transparente et orientée vers le développement, les dirigeants continuent de multiplier les signaux inquiétants : opacité dans la gestion des revenus pétroliers, renforcement des circuits clientélistes et absence de réforme structurelle réelle.
Les Nigériens, eux, restent spectateurs d’une mise en scène politique où leurs dirigeants se drapent d’une rhétorique nationaliste tout en dépendant financièrement des institutions qu’ils dénoncent.
Une souveraineté de façade
Le recours au FMI par les dirigeants souverainistes illustre une hypocrisie flagrante. Derrière les discours anti-occidentaux se cache une incapacité – ou un refus – de bâtir une véritable indépendance économique. Au lieu de poser les bases d’une souveraineté réelle, les élites semblent davantage préoccupées par l’accaparement des ressources et le maintien d’un pouvoir personnel pour ne pas organiser les élections .
Dans ce contexte, les promesses de rupture et de renaissance économique sonnent creux. Les Nigériens doivent aujourd’hui se poser une question essentielle : à qui profite réellement cette stratégie de souverainisme de façade ? Les réponses, elles, se trouvent peut-être dans les comptes bancaires bien remplis de ceux qui prétendent œuvrer pour le peuple.
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