Un mouvement de contestation d’une ampleur inédite secoue le secteur bancaire malien depuis le lundi 10 mars. Le Syndicat national des assurances, des banques et des établissements financiers (Synabef) a décrété une mobilisation générale en réponse à l’arrestation de deux cadres bancaires, poursuivis pour leur rôle dans une transaction financière liée à un projet énergétique. Une situation qui pourrait gravement perturber les finances publiques du pays.
Une réponse syndicale musclée
Les travailleurs du secteur bancaire ont été appelés à manifester devant leurs établissements jusqu’au mercredi 12 mars. Mais au-delà de ces sit-in, la mesure la plus radicale reste la suspension des transferts de garantie pour l’entreprise publique Énergie du Mali (EDM) et d’autres structures publiques et parapubliques. En d’autres termes, l’État malien risque de voir ses transactions bloquées, ce qui pourrait impacter le fonctionnement des services publics.
À l’origine de cette tension, l’incarcération de deux cadres d’Ecobank Mali – Alassane Touré et Birom Diop – pour « complicité de faux et usage de faux » et « complicité d’atteinte aux deniers publics ». Ces derniers avaient validé en 2022 des garanties bancaires pour un contrat entre EDM et l’entreprise indienne Mecamidi HPP, spécialisée dans la fabrication de turbines. Une opération qui, selon la justice malienne, pourrait dissimuler des détournements de fonds.
LIRE AUSSI : Mali : l’affaire des garanties bancaires d’EDM-SA plonge Ecobank dans la tourmente
Une affaire aux multiples ramifications
L’enquête menée par le pôle judiciaire spécialisé dans les crimes économiques et financiers a déjà conduit à l’arrestation de six personnes, dont deux employés de Mecamidi, un cadre d’EDM et un sous-traitant malien. Tous ont été transférés de la Maison centrale d’arrêt de Bamako vers la prison de Kenioroba, située à 75 kilomètres de la capitale.
Le Synabef dénonce une « injustice » et affirme que les deux banquiers n’ont fait que suivre les procédures en vigueur. « Ils ont simplement exécuté des transactions selon les normes bancaires internationales », martèle un responsable syndical, exigeant leur libération immédiate.
Un bras de fer à l’issue incertaine
Cette confrontation entre le Synabef et les autorités de transition rappelle un précédent : en juin dernier, une grève menée par le syndicat avait forcé les militaires au pouvoir à libérer son secrétaire général. Cette fois encore, le syndicat semble prêt à durcir le ton. « Nous allons aller crescendo en fonction des négociations », prévient un cadre du Synabef.
Pour l’instant, ni le ministère malien de l’Économie, ni Ecobank, ni Mecamidi HPP n’ont souhaité s’exprimer sur cette affaire. Mais une chose est sûre : si aucun compromis n’est trouvé rapidement, les répercussions économiques pourraient être considérables pour l’État malien.
Suivez-nous sur Nasuba Infos via notre canal WhatsApp. Cliquez ici.
Views: 2