dimanche 2 mars 2025

Fermetures d’agences bancaires : BOA Bénin sacrifie-t-elle sa clientèle sur l’autel de la rentabilité ?

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La BOA Bénin vient d’annoncer la fermeture définitive de trois agences – Covè, Abomey et Hillacondji – à compter du 31 mars 2025. Derrière le vernis d’un « réaménagement pour mieux vous servir », c’est une nouvelle démonstration du mépris croissant des banques commerciales pour leur clientèle, en particulier en dehors des grands centres urbains.

Un désengagement au détriment des clients

En dépit de l’essor de la bancarisation en Afrique de l’Ouest, l’accès physique aux services financiers reste un enjeu crucial. Les agences bancaires sont bien plus que de simples guichets : elles jouent un rôle clé dans la proximité avec les clients, l’accompagnement des PME, des commerçants et des particuliers qui ont encore besoin d’un contact humain pour gérer leurs finances.

La décision de BOA Bénin force ainsi des centaines, voire des milliers de clients à parcourir des dizaines de kilomètres pour accéder à une agence. Pour les clients de Covè et Abomey, cela signifie des déplacements vers Bohicon ; pour ceux de Hillacondji, il faudra se rendre à Comé. Or, tout le monde ne peut se permettre ces trajets réguliers, sans parler des frais et du temps perdu.

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Une tendance inquiétante dans le secteur bancaire

Cette politique de réduction des agences physiques s’inscrit dans une tendance plus large observée au sein du secteur bancaire ouest-africain. À l’heure où les banques multiplient les bénéfices, elles rationalisent leurs coûts en fermant des agences, sous couvert de digitalisation et d’efficacité opérationnelle.

Mais derrière ce discours se cache une logique purement comptable : réduire les charges de fonctionnement sans considération pour les réalités locales. En zones semi-urbaines et rurales, le digital ne suffit pas à pallier l’absence d’agences physiques, notamment pour les populations peu familiarisées avec les outils numériques ou rencontrant des difficultés d’accès à Internet.

Un appel à la régulation et à la responsabilité

Il est urgent que la BCEAO et les autorités régionales se penchent sur cette vague de fermetures d’agences qui risque d’aggraver l’exclusion financière. Les banques opérant dans l’UEMOA bénéficient d’un marché en forte expansion, avec des millions de nouveaux clients potentiels, mais elles doivent assumer leur rôle de service public en garantissant un accès équitable aux services financiers.

La BOA Bénin et ses consœurs doivent cesser de traiter leurs clients comme de simples lignes dans un bilan comptable. La rentabilité ne peut être le seul critère de gestion d’un réseau bancaire. Faute de quoi, elles risquent non seulement d’éroder la confiance de leur clientèle, mais aussi de creuser davantage les inégalités d’accès aux services financiers au Bénin et dans toute la région.

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