lundi 24 février 2025

Crise de la dette au Sénégal : Moody’s sanctionne un déficit budgétaire sous-estimé

Partager

Le Sénégal fait face à un choc financier majeur après la révélation d’un gouffre budgétaire bien plus profond qu’annoncé par la précédente administration. L’agence de notation Moody’s a sévèrement dégradé la note souveraine du pays, la faisant passer de B1 à B3, avec une perspective négative. Cette décision, prise à la suite d’un audit de la Cour des comptes sénégalaise, souligne un endettement bien supérieur aux chiffres officiels antérieurs et des pratiques budgétaires opaques.

Un déficit budgétaire sous-estimé

Le 13 février 2024, la Cour des comptes du Sénégal a dévoilé une situation budgétaire alarmante : la dette publique s’établissait à 99,7 % du PIB en 2023, bien au-delà des 65,6 % précédemment annoncés. Le déficit budgétaire, lui, atteignait 12,3 % du PIB, soit plus du double des estimations officielles. Pire encore, une partie de la dette avait été contractée en dehors du cadre budgétaire, notamment auprès du secteur bancaire local.

Ces nouvelles révélations remettent en cause la gestion financière passée et mettent en évidence des failles structurelles dans la transparence budgétaire. La réaction du gouvernement actuel ne s’est pas fait attendre : le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé d’éventuelles poursuites judiciaires contre les responsables de ces « manquements graves ».

Une sanction financière lourde de conséquences

La dégradation de la note souveraine place désormais le Sénégal dans la catégorie des investissements à risque. Ce déclassement aura des répercussions directes sur le coût de financement du pays : emprunter sur les marchés internationaux deviendra plus coûteux, dans un contexte où les ressources publiques sont déjà mises à rude épreuve. Moody’s souligne également que la capacité du Sénégal à réduire sa dette sera limitée par ces nouvelles contraintes financières.

LIRE AUSSI : Sénégal : vers une diminution des hauts salaires dans la fonction publique

Selon l’agence de notation, la dette publique sénégalaise devrait encore grimper à 107 % du PIB en 2024, un niveau bien supérieur à la moyenne des pays notés B, qui s’établit à 49 %. Même si le gouvernement ambitionne une réduction du déficit à 7,1 % du PIB en 2025 et à 3 % d’ici 2027, la marge de manœuvre reste faible.

Les défis d’une consolidation budgétaire

Le gouvernement sénégalais s’est engagé à restaurer la confiance des investisseurs et des institutions financières en mettant en place des réformes pour renforcer la transparence et la gestion des finances publiques. Parmi les mesures annoncées : un contrôle accru des dépenses, une meilleure supervision des financements et des projets, ainsi qu’une réforme du système de gestion de la dette.

Toutefois, Moody’s reste prudente quant à la mise en œuvre effective de ces réformes. La dépendance accrue du Sénégal à des financements extérieurs, notamment via le FMI, sera déterminante pour stabiliser sa situation budgétaire. Un accord avec le Fonds monétaire international est espéré d’ici juin 2025 pour garantir des conditions de financement plus favorables.

En attendant, le Sénégal doit composer avec une situation financière fragilisée qui risque d’affecter sa capacité à financer ses projets de développement et à maintenir la stabilité économique. Le chemin vers la consolidation budgétaire s’annonce semé d’embûches, et la confiance des marchés mettra du temps à être restaurée.

Suivez-nous sur Nasuba Infos via notre canal WhatsApp. Cliquez ici. 

Views: 0

Plus d'actualités

Articles Populaires

You cannot copy content of this page