L’Afrique subsaharienne continue de faire face à des défis économiques importants, malgré des progrès dans les réformes structurelles. Selon le dernier rapport du Fonds Monétaire International (FMI) d’octobre 2024, la région est engagée dans un processus d’ajustements économiques pour surmonter ses vulnérabilités et relancer une croissance inclusive. Cependant, cette trajectoire est jalonnée d’obstacles : instabilité politique, pauvreté endémique et contraintes de financement.
Croissance faible mais stable : Une reprise fragile
Le FMI prévoit une croissance économique de 3,6 % pour l’Afrique subsaharienne en 2024, un taux modeste qui reflète une légère reprise après des années de ralentissement. Toutefois, cette croissance reste hétérogène, marquée par la divergence entre les pays riches en ressources naturelles, particulièrement les exportateurs de pétrole, et le reste de la région. Ces pays, fragilisés par la dépendance aux matières premières, peinent à diversifier leurs économies face aux fluctuations des cours mondiaux. La résilience des économies plus diversifiées, comme le Sénégal et le Kenya, montre cependant qu’une meilleure intégration économique peut amortir les chocs externes.
Inflation et dette : Une stabilité fragile
La maîtrise de l’inflation reste un défi majeur pour la région. Malgré un resserrement monétaire qui a permis une réduction de l’inflation dans environ la moitié des pays, elle demeure élevée, dépassant les deux chiffres dans un tiers des économies, comme en Angola et au Nigeria. La situation de la dette est également préoccupante : avec un ratio moyen dette/PIB de 58 %, plusieurs pays, dont le Ghana et la Zambie, ont entrepris des mesures de rééquilibrage budgétaire pour contenir leur endettement. Cependant, les ressources consacrées au service de la dette privent souvent ces pays des investissements nécessaires en infrastructures et services publics.
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Accès au financement et gouvernance : Les freins au développement
L’accès au financement constitue un frein majeur au développement de l’Afrique subsaharienne. Les conditions restrictives de financement international limitent les options des gouvernements pour soutenir leur économie, tandis que le climat géopolitique et la fragmentation de l’aide internationale compliquent davantage la situation, en particulier dans les pays sahéliens. Le secteur privé, de son côté, fait face à des taux d’intérêt élevés, restreignant ainsi les investissements et la création d’emplois.
Par ailleurs, la gouvernance demeure un défi central. La perception de la corruption, la faiblesse des institutions et les limitations en termes d’inclusion socioéconomique augmentent la frustration sociale, rendant difficile la mise en œuvre des réformes. Les troubles sociaux et les coups d’État récents témoignent des tensions persistantes. L’instabilité politique engendre un cercle vicieux où les réformes économiques sont repoussées, compromettant la croissance à long terme.
L’Impératif des réformes inclusives
Pour surmonter ces défis, les réformes économiques doivent répondre à la double exigence de stabilisation macroéconomique et de développement social. Il est essentiel que les politiques économiques protègent les plus vulnérables, soutiennent la création d’emplois et renforcent la confiance du public à travers une meilleure gouvernance. Le FMI souligne l’importance d’une gestion budgétaire prudente, qui pourrait inclure une augmentation des recettes fiscales via une meilleure collecte et une réduction des exonérations injustifiées.
Pour réussir, les gouvernements doivent calibrer leurs politiques de manière à éviter les effets sociaux déstabilisants. Les ajustements budgétaires devraient s’accompagner de filets de sécurité pour les populations fragiles, tout en favorisant les investissements dans les secteurs stratégiques. La transition vers une économie plus durable et diversifiée nécessitera des efforts concertés pour améliorer l’accès à l’énergie, les infrastructures, et l’éducation.
Perspectives et risques : La croisée des chemins
L’Afrique subsaharienne est à un moment charnière. Les prévisions de croissance de 4,2 % en 2025 dépendent largement de la réussite des réformes entreprises et de la résilience face aux risques internes et externes. Les changements climatiques, la fragilité politique, et les incertitudes du marché mondial continuent de peser sur les perspectives économiques de la région. Le FMI met en garde contre les risques de l’inaction : le renforcement des déséquilibres macroéconomiques pourrait compromettre durablement les avancées économiques et aggraver les tensions sociales.
L’Afrique subsaharienne a le potentiel de surmonter ses défis économiques actuels grâce à des réformes ciblées et inclusives. Si les dirigeants parviennent à équilibrer les contraintes budgétaires et les besoins de développement, tout en renforçant la gouvernance et la résilience institutionnelle, la région pourrait amorcer une transformation économique plus durable, bénéfique pour ses populations.
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