Cotonou, capitale économique du Bénin, rayonne d’un éclat particulier. Classée 1ère ville la plus propre d’Afrique de l’Ouest et 6e sur l’ensemble du continent africain par le magazine Jeune Afrique, elle s’impose comme un modèle d’assainissement dans l’espace CEDEAO. Avec une moyenne impressionnante de 7,3/10, elle rejoint des métropoles telles que Kigali, Rabat ou Alexandrie au sein des villes les mieux entretenues d’Afrique.
Un travail de fond salué
Ce succès est le fruit d’une stratégie ambitieuse mise en œuvre depuis plusieurs années. Grâce au projet d’assainissement du Grand Nokoué, les autorités béninoises ont multiplié les efforts pour améliorer le cadre de vie des habitants. En première ligne, la Société de Gestion des Déchets et de la Salubrité (SGDS) a joué un rôle crucial dans cette transformation.
Jour et nuit, ses agents sillonnent les rues pour débarrasser les trottoirs et chaussées des déchets. Ces “héros de l’ombre”, reconnaissables à leurs uniformes bleus, travaillent souvent dans des conditions éprouvantes : exposés à la chaleur, à la poussière et à des horaires contraignants, ils sont pourtant essentiels pour maintenir l’image d’une ville propre et accueillante.
Le paradoxe du civisme
Malgré les efforts soutenus des autorités et des agents de nettoyage, un défi persistant subsiste : le comportement incivique d’une partie des habitants. Le spectacle désolant de sachets plastiques abandonnés dans les rues ou la réoccupation anarchique des trottoirs par des commerçants et piétons est une réalité préoccupante.
Ce paradoxe met en lumière l’urgence d’une prise de conscience collective. La propreté de Cotonou ne pourra être durable que si ses citoyens adoptent une éco-citoyenneté exemplaire. Le slogan “Dehors, c’est aussi chez nous” doit devenir une devise partagée, incitant chacun à :
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- Déposer ses déchets dans les poubelles prévues à cet effet,
- Dénoncer les comportements nuisibles,
- Et surtout, considérer l’espace public comme un bien commun à préserver.
Des défis à relever
Si la gestion des déchets solides a connu une amélioration significative, d’autres formes de pollution nécessitent une attention renforcée :
Pollution sonore : Les klaxons intempestifs, les haut-parleurs assourdissants des marchés ou encore la musique à plein volume dans certains quartiers dégradent la qualité de vie urbaine.
Pollution visuelle et urbaine : Affiches anarchiques, constructions non réglementées ou encore individus urinant sur les trottoirs témoignent d’un manque de discipline généralisé.
Ces problématiques soulignent la nécessité de combiner sensibilisation accrue et sanctions exemplaires.
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Vers une discipline collective
Un autre enjeu crucial réside dans la régulation du trafic urbain. Les célèbres “zémidjans” (motos-taxis) et les taxis « tokpa-tokpa », bien que pratiques pour les déplacements, sont souvent perçus comme des sources d’indiscipline sur la voie publique. Leur non-respect du code de la route crée des embouteillages et compromet la sécurité des usagers.
Face à cela, une meilleure formation des conducteurs, couplée à des mesures coercitives pour réprimer les infractions, s’impose. Une mobilité urbaine disciplinée contribuerait non seulement à la fluidité des déplacements, mais aussi à une image plus positive de la ville.
Une responsabilité partagée
La responsabilisation des citoyens est un pilier central pour consolider les acquis. Il s’agit non seulement de respecter le travail des agents de la SGDS, mais aussi de leur offrir la reconnaissance qu’ils méritent. Comme le souligne un responsable local : « Respecter ces travailleurs, c’est valoriser leur travail et leur donner de la dignité. »
En parallèle, des campagnes de sensibilisation, associées à des initiatives communautaires, pourraient renforcer le sentiment d’appartenance et encourager des comportements respectueux.
Cotonou, un modèle pour l’Afrique ?
En Afrique de l’Ouest, Cotonou incarne une ville résolument tournée vers un avenir plus propre. Sa performance inspire d’autres capitales, mais elle reste un chantier en devenir. La véritable révolution passera par un changement des mentalités : la propreté d’une ville reflète avant tout l’attitude de ses habitants.
Avec fierté, Cotonou peut revendiquer sa place sur le podium ouest-africain. Mais pour que ce classement devienne un standard pérenne, il faut que chaque citoyen, du chef de quartier à l’écolier, prenne conscience que la propreté commence à son propre pas de porte.
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