mercredi 5 février 2025

La CEDEAO face au défi des départs du Burkina Faso, du Mali et du Niger : entre transition et médiation

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Le 66e Sommet ordinaire de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), tenu ce dimanche, a marqué un tournant majeur pour la sous-région. Réunis à huis clos, les Chefs d’État et de Gouvernement ont officiellement pris acte de la décision du Burkina Faso, du Mali et du Niger de quitter l’organisation régionale. Une sortie effective prévue pour le 29 janvier 2025, avec une période de transition de six mois pour tenter de trouver une issue favorable.

Une transition pour le dialogue

Malgré la gravité de cette annonce, la CEDEAO n’a pas fermé la porte au dialogue. Jusqu’au 29 juillet 2025, les trois États disposeront d’une “période de grâce” durant laquelle des négociations seront intensifiées pour envisager leur retour dans l’organisation. Les Chefs d’État ont confié à deux figures politiques clés, les Présidents Faure Gnassingbé (Togo) et Bassirou Diomaye Faye (Sénégal), la mission de poursuivre les discussions avec les dirigeants des trois pays concernés.

Bassirou Diomaye Faye, artisan de la médiation

Le Président sénégalais, déjà impliqué dans plusieurs initiatives diplomatiques, voit son rôle de médiateur renforcé. Chargé de trouver des solutions durables aux crises politiques et sécuritaires qui touchent le Burkina Faso, le Mali et le Niger, il devra également œuvrer pour leur réintégration au sein de la CEDEAO. Cette tâche complexe illustre la volonté de l’organisation de privilégier une approche constructive malgré les tensions.

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Un plan de séparation en préparation

Dans l’éventualité où les négociations échoueraient, la CEDEAO a anticipé les prochaines étapes. Elle a mandaté sa Commission pour élaborer un plan de séparation qui définira les modalités des futures relations avec le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Si ces trois pays maintiennent leur position au terme de la période de transition, un Conseil des Ministres extraordinaire sera convoqué pour valider ce plan.

Une situation critique pour la sous-région

La décision des trois pays de quitter la CEDEAO intervient dans un contexte de crises multiples. La montée des coups d’État, les défis sécuritaires liés à l’expansion du terrorisme, ainsi que les tensions politiques internes pèsent lourdement sur la stabilité de la région. Le retrait de ces nations représente un défi de taille pour l’organisation, tant sur le plan économique que stratégique.

Un avenir incertain

Si la CEDEAO reste attachée à son objectif d’intégration régionale, ces départs forcés interrogent sur sa capacité à maintenir son rôle de garant de la stabilité en Afrique de l’Ouest. Le succès des négociations menées par Faure Gnassingbé et Bassirou Diomaye Faye sera déterminant pour éviter un affaiblissement durable de l’organisation.

Avec des échéances fixées à juillet 2025, la CEDEAO navigue entre fermeté et ouverture, cherchant à préserver l’unité d’une région en proie à de profonds bouleversements. Le prochain sommet, ainsi que les avancées des négociations, permettront de mesurer si la stratégie actuelle portera ses fruits ou s’il faudra envisager une réorganisation complète des relations au sein de l’espace communautaire.

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