La ville de Marseille, longtemps marquée par la violence liée au narcotrafic, vient de connaître un nouveau tournant dans sa lutte contre le crime organisé. Le procureur de la République, Nicolas Bessone, a annoncé, lors d’une conférence de presse le samedi 7 décembre, un vaste coup de filet contre le puissant groupe criminel de la DZ Mafia. En deux mois, 119 individus ont été interpellés dans le cadre de huit affaires distinctes. Toutefois, au-delà du succès des opérations, les enquêteurs ont découvert des évolutions inquiétantes dans le mode opératoire de ce gang.
Des extorsions en expansion
Traditionnellement centrée sur le narcotrafic, la DZ Mafia étend désormais ses activités au domaine des extorsions, empruntant des pratiques jusque-là réservées aux groupes criminels classiques. Le cas du rappeur SCH illustre parfaitement ce glissement. Depuis environ un an, Julien Schwarzer – de son vrai nom – subissait des menaces de mort de la part du gang, refusant de céder à des tentatives d’extorsion. Cet acharnement a culminé avec une attaque contre l’un de ses véhicules le 26 août 2024 à La Grande-Motte. Le bilan fut dramatique : un mort et un blessé parmi ses proches.
Ce changement stratégique se traduit également par une mainmise sur les commerces locaux. Ainsi, le gérant d’une discothèque et d’un restaurant Subway a été contraint de quitter Marseille après avoir payé 10 000 euros sur les 300 000 euros exigés. Le gang avait même tenté d’imposer son propre service de sécurité dans une boîte de nuit à Cabriès.
Une capacité de projection inquiétante
La DZ Mafia ne limite plus ses actions à Marseille. Comme le souligne Nicolas Bessone, le groupe démontre une capacité de projection qui s’étend au-delà des frontières régionales, voire nationales. Des tentatives d’assassinat ont eu lieu jusqu’en Espagne et dans l’Hérault. Cette capacité est mise en lumière par l’attaque visant SCH et par l’interpellation de deux individus, âgés de 17 et 21 ans, pour avoir tenté d’assassiner la directrice de la prison des Baumettes et son adjoint, des contrats diffusés sur les réseaux sociaux.
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Des adolescents impliqués dans une violence extrême
Un autre volet alarmant est l’implication croissante des mineurs dans ces affaires. Les récents meurtres de deux adolescents témoignent de cette violence sans limites. Un garçon de 15 ans a été assassiné par le gang rival des Blacks après avoir été recruté pour incendier la porte d’un concurrent. Il a été poignardé 50 fois avant d’être brûlé vivant. En représailles, un membre de la DZ Mafia a recruté un adolescent de 14 ans pour tuer le chauffeur d’un taxi. Cette escalade démontre une tendance inquiétante où les jeunes deviennent à la fois des exécutants et des victimes de cette spirale criminelle.
Des résultats encourageants mais une lutte continue
Ce coup de filet a certainement affaibli la DZ Mafia, mais Nicolas Bessone reste prudent : « Les problèmes ne seront pas réglés demain matin ». Malgré les 119 arrestations et le démantèlement de certaines branches du réseau, la résilience et la violence accrue de ces organisations nécessitent une vigilance constante et une collaboration renforcée entre les services de police.
Les autorités françaises, conscientes de l’enjeu, multiplient les opérations pour enrayer le fléau du narcotrafic. Depuis le début de l’année 2024, 17 homicides liés à la drogue ont été recensés à Marseille. Cette lutte sans fin contre le crime organisé reste un défi de taille pour une ville où la jeunesse est trop souvent la première victime de cette guerre de territoire.
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