jeudi 12 décembre 2024

France-Tchad : Les avions militaires français commencent à quitter N’Djamena

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Suite à la rupture de l’accord de défense entre la France et le Tchad, décidée par le régime tchadien le 28 novembre, Paris a entamé le retrait d’une partie de ses avions stationnés à N’Djamena. Cette information a été confirmée dans un communiqué officiel publié ce mardi 10 décembre 2024 par l’État-Major Général des Armées du Tchad.

« Un début de retrait vient d’être effectué ce jour, 10 décembre 2024, par le départ d’une partie des avions de chasse », précise le communiqué, qui ajoute : « L’opinion sera informée de toutes les étapes du retrait, jusqu’au départ définitif de cette force. »

Une source supplémentaire a indiqué que « la France procède à la fermeture du détachement des avions de chasse de la base aérienne de Kossei à N’Djamena. L’armée française a pris la décision de retirer ses avions. »

Une conséquence d’un changement de doctrine ?

Après le Mali, le Burkina Faso et le Niger, le Tchad devient le dernier pays du Sahel à demander le départ des troupes françaises stationnées sur son territoire. Cette rupture de l’accord de défense est-elle la conséquence d’un changement de doctrine militaire française ou une décision souverainiste et populiste du régime tchadien ?

Paul Deutschmann, journaliste pour Africa Intelligence, analyse la situation : « La France a joué un rôle très direct dans les différentes insurrections rebelles au Tchad.

Je pense à 2008, par exemple, lors d’une insurrection venue du Soudan, ou encore en 2019, sous Emmanuel Macron, lorsqu’une colonne rebelle descendait depuis le sud libyen. Des Mirage 2000 étaient intervenus pour bombarder cette colonne.

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Mais depuis, on observe une prise de distance de la France vis-à-vis de ce type d’interventions, marquée par une volonté d’afficher un soutien moins direct aux opérations militaires tchadiennes.

Cela a conduit à une prise de distance réciproque du côté tchadien. En 2021, lors d’une nouvelle insurrection rebelle, la France n’a pas eu le même rôle décisif qu’en 2019. »

Une dynamique géopolitique en mutation

Depuis le début du XXe siècle, la France a renforcé sa présence militaire au Tchad pour des raisons économiques, géopolitiques et stratégiques. Cette présence s’inscrit dans une vision militaire héritée des déclarations du général Charles Mangin, auteur de La Force noire en 1910, qui affirmait : « Qui tient le Tchad tient l’Afrique. »

Les interventions françaises au Tchad, comme l’opération Manta (1983-1984), Épervier (1986-2013) et Barkhane (2014-2022), témoignent de l’importance stratégique du pays dans le dispositif français en Afrique.

Cependant, l’émergence de régimes revendiquant davantage de souveraineté, souvent pour répondre à des attentes populaires, ainsi que la montée en influence de puissances comme la Russie et la Chine, modifie profondément la dynamique géopolitique dans la région du Sahel.

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