Le 25 novembre 2024, l’Union Progressiste le Renouveau (UPR), parti de la majorité parlementaire et présidentielle au Bénin, a publié un communiqué en réponse à une demande d’audience formulée par le parti Les Démocrates. Cette requête, portée par le Cadre de Concertation des Partis Politiques (CCP), visait à débattre de la nécessité d’un audit du fichier électoral. Une proposition que l’UPR a accueillie avec une ferme mise au point sur les aspects politiques et juridiques.
Le contexte de la demande
Dans une correspondance datée du 19 novembre 2024, Les Démocrates, principal parti d’opposition, ont demandé à échanger avec l’UPR sur l’audit du fichier électoral. Cet échange s’inscrit dans une démarche globale de l’opposition visant à garantir la transparence et la fiabilité des processus électoraux au Bénin, en vue des échéances de 2026.
La réponse de l’UPR : entre légitimité et responsabilité politique
Si l’UPR reconnaît que le débat sur le contrôle du processus électoral est salutaire dans une démocratie, le parti estime que cette initiative aurait dû émaner de l’opposition seule, sans impliquer un parti de la majorité. « S’associer à une telle démarche reviendrait à remettre en question un dispositif électoral que nous avons activement défendu », précise le communiqué.
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Une critique fondée sur le droit
L’UPR souligne que la notion de “fichier électoral” invoquée par l’opposition n’a plus de fondement légal au Bénin. Depuis les réformes adoptées en 2017 et 2019, le processus repose sur une Liste Électorale Informatisée (LEI), extraite d’un registre national consolidé par l’Agence Nationale d’Identification des Personnes (ANIP). Selon l’article 6 de la loi n°2017-08, l’ANIP est seule habilitée à produire la LEI, un document transmis à la Commission Électorale Nationale Autonome (CENA) dans les délais légaux pour organiser les scrutins.
Dans ce contexte, la proposition de l’opposition de créer un Comité Politique d’Encadrement (CPE) est jugée « inopportune » par l’UPR. « L’ANIP, organe technique, dispose déjà des outils nécessaires pour produire une liste fiable, comme cela a été démontré lors des élections de 2023 », ajoute le communiqué.
L’UPR : ouverture sous conditions
Tout en rejetant les termes de la demande, l’UPR se dit disposée à collaborer avec l’ANIP et les autres parties prenantes dans le cadre légal établi. Le parti affirme sa volonté de contribuer à des élections transparentes et crédibles, mais uniquement dans le respect des dispositions en vigueur.
Une opposition face à ses contradictions ?
Cette prise de position de l’UPR soulève des interrogations sur la stratégie de l’opposition. En insistant sur l’audit d’un “fichier électoral” inexistant juridiquement, l’opposition pourrait être perçue comme déconnectée des réformes institutionnelles récentes. Cependant, sa démarche traduit également une volonté de préserver la confiance citoyenne dans le processus électoral.
Un débat ouvert mais balisé
Le communiqué de l’UPR met en lumière un enjeu crucial pour la démocratie béninoise : concilier transparence électorale et respect du cadre légal. Alors que le pays se prépare pour les échéances électorales de 2026, la position de l’UPR appelle à une réflexion approfondie sur les moyens de renforcer la confiance dans les institutions, sans pour autant fragiliser leur fonctionnement.
Dans ce duel politique et juridique, le temps et les acteurs impliqués trancheront entre initiative audacieuse et défense du statu quo.
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