Le Tribunal de Commerce de Cotonou a tranché. Après des mois de négociations infructueuses et de batailles judiciaires, la liquidation judiciaire du Comptoir de Distribution de Produits Alimentaires (CDPA) SARL a été prononcée ce vendredi 22 novembre 2024. Ce jugement marque la chute définitive de cette entreprise emblématique, fondée par Jean-Baptiste Satchivi, ancien président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin.
Une lente descente aux enfers
Depuis 2019, les difficultés financières de CDPA étaient connues. À cette époque, une procédure de redressement judiciaire avait été ouverte, permettant un sursis temporaire avec l’homologation d’un concordat en 2021.
Cependant, les efforts de redressement n’ont pas suffi à sortir l’entreprise de l’ornière. En 2024, la situation s’est aggravée, mettant en lumière des dettes colossales et des litiges commerciaux, notamment une condamnation internationale à verser plus de 613 000 euros à une société monégasque.
Lors des audiences successives, les avocats de CDPA, Maîtres Victorien Fade, Renaud Agbodjo et Brice Zinzindohoué, ont plaidé pour un nouveau concordat afin de rééchelonner les dettes. Mais les créanciers, fatigués par des années de négociations, n’ont pas trouvé les garanties suffisantes pour soutenir une telle solution.
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Le verdict de la liquidation
Par son jugement N°009/24/CPCAP/TCC, le tribunal a estimé que les conditions nécessaires à l’adoption d’un accord concordataire n’étaient plus réunies. La liquidation judiciaire a été ordonnée, avec la nomination d’un mandataire chargé de recenser les actifs et d’organiser leur vente pour tenter de rembourser les créanciers.
Cette issue, bien que redoutée, semble inéluctable. Les créanciers espèrent désormais que la vente des actifs permettra de minimiser leurs pertes, tandis que les employés et fournisseurs s’inquiètent des conséquences sociales et économiques de cette faillite.
Des questions sur la gestion et l’investissement
La débâcle de CDPA soulève également des interrogations sur la gestion des fonds reçus par l’entreprise. En 2013, elle avait obtenu un prêt de 10 millions d’euros auprès des institutions européennes Proparco et BIO pour développer sa filiale avicole, Agrisatch. Pourtant, malgré cet investissement massif et une forte demande locale en volailles, l’entreprise n’a pas su pérenniser ses activités.
Un secteur agroalimentaire fragilisé
La disparition de CDPA SARL est une perte pour le secteur agroalimentaire béninois. L’entreprise, autrefois un fleuron de l’économie nationale, incarnait l’ambition de renforcer la production locale face à une dépendance aux importations. Avec cette liquidation, c’est une page qui se tourne, laissant place à des défis pour les acteurs restants du marché.
Une leçon pour l’avenir
Ce cas met en lumière l’importance d’une gestion rigoureuse et d’un accompagnement adapté pour les entreprises confrontées à des crises financières. Si CDPA SARL n’a pas su surmonter ses difficultés, son parcours pourrait servir d’exemple pour éviter que d’autres entreprises ne suivent le même chemin.
Le Bénin, engagé dans sa transformation économique, devra tirer des enseignements de cette faillite.
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