Hama Amadou, personnalité incontournable de la politique nigérienne, est décédé le mercredi 23 octobre 2024 à l’hôpital général de référence de Niamey. Âgé de 74 ans, sa disparition marque la fin d’un parcours riche et complexe qui a façonné l’histoire politique du Niger contemporain.
Un homme d’État au parcours exceptionnel
Né en 1950 à Youri, Hama Amadou a gravi les échelons de la vie publique, devenant l’un des hommes politiques les plus influents du pays. Après des études à l’École nationale d’administration du Niger, il entame sa carrière dans la fonction publique en 1971 en tant que contrôleur des douanes. Il occupe par la suite plusieurs postes administratifs clés, notamment celui de directeur de cabinet des présidents Seyni Kountché et Ali Saibou. Cette première phase de sa carrière est marquée par une proximité avec le pouvoir et un rôle d’arbitre dans la politique nigérienne.
Des fonctions exécutives cruciales
En 1995, Hama Amadou accède pour la première fois au poste de Premier ministre sous la présidence de Mahamane Ousmane, dans un contexte de cohabitation politique. Malgré les difficultés économiques et sociales, il réussit à maintenir une certaine stabilité jusqu’au coup d’État de 1996. Son second mandat en tant que Premier ministre, entre 1999 et 2007 sous la présidence de Mamadou Tandja, est le plus long de l’histoire nigérienne. Durant cette période, il joue un rôle central dans les réformes et la gestion du pays, tout en étant confronté à des accusations de corruption qui ébranleront sa carrière.
Président de l’Assemblée nationale et opposant farouche
Élu président de l’Assemblée nationale en 2011, Hama Amadou continue de peser dans la vie politique, cette fois depuis le perchoir du parlement. Cependant, des tensions avec le président Mahamadou Issoufou le poussent à rejoindre l’opposition en 2013. Dès lors, il devient l’un des principaux rivaux du régime en place. En 2016, sa candidature à l’élection présidentielle, alors qu’il était en détention, témoigne de sa résilience et de sa popularité. Même après avoir été condamné pour des accusations de trafic d’enfants, qu’il a toujours niées, Hama Amadou reste une figure influente.
Le retour d’un leader en exil
Malgré ses ennuis judiciaires et ses exils en France, Hama Amadou n’a jamais cessé de jouer un rôle crucial dans l’opposition nigérienne. À la tête du Mouvement Démocratique Nigérien pour une Fédération Africaine (Moden Fa Lumana), il a continué de mobiliser ses partisans, notamment lors de l’élection présidentielle de 2021, où il soutient Mahamane Ousmane.
En septembre 2023, après le coup d’État qui renverse le président Mohamed Bazoum, Hama Amadou fait un retour au Niger. Affaibli par la maladie, il réduit ses apparitions publiques, mais reste un observateur attentif de la situation politique jusqu’à son décès.
Un héritage politique controversé mais indélébile
Hama Amadou laisse derrière lui un héritage complexe. Figure charismatique et controversée, il a marqué des générations de Nigériens par son parcours. Sa capacité à résister aux tempêtes politiques, à diriger et à influencer les décisions nationales, fait de lui un acteur incontournable de l’histoire nigérienne.
Avec sa disparition, le Niger perd un de ses leaders les plus influents et un combattant acharné de la scène politique. Ses partisans retiendront son engagement, tandis que ses détracteurs se souviendront des affaires qui ont marqué sa carrière. Quoi qu’il en soit, son nom restera gravé dans l’histoire contemporaine du Niger.
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