lundi 7 octobre 2024

Tunisie : Élection présidentielle entre Joie et controverse

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En Tunisie, les tensions montent autour des résultats préliminaires de l’élection présidentielle. Alors que le président sortant, Kaïs Saïed, se dit confiant des sondages à la sortie des urnes, l’opposition émet de sérieux doutes sur la fiabilité des chiffres qui circulent.

Selon Kaïs Saïed, bien que les résultats officiels soient toujours en attente, les sondages diffusés à la télévision nationale seraient « proches de la réalité », une affirmation qui a suscité une vague de réactions contrastées à travers le pays.

Dès l’annonce des résultats des sondages, plusieurs centaines de partisans de Kaïs Saïed sont descendus sur l’emblématique avenue Bourguiba à Tunis pour célébrer ce qu’ils considèrent déjà comme une victoire.

L’enthousiasme des supporters contraste fortement avec l’attitude de l’opposition qui, elle, se montre prudente et méfiante face aux premiers chiffres.

La controverse autour de la participation et des résultats

Le taux de participation, publié par l’Instance Supérieure Indépendante pour les Élections (ISIE), s’élève à 27,7%, un chiffre historiquement bas pour un premier tour d’élection présidentielle depuis la révolution de 2011, marquant le renversement de Ben Ali.

Ce faible taux reflète une désillusion croissante de la population vis-à-vis de la classe politique, ainsi qu’une perte de confiance dans le processus électoral.

Kaïs Saïed, ancien professeur de droit, continue cependant de jouir d’une image d’homme intègre auprès d’une large partie de la population, notamment en tant que figure emblématique opposée à l’ancienne élite politique tunisienne et au parti islamiste Ennahdha.

Cette image lui confère un avantage considérable dans un climat politique marqué par la méfiance à l’égard des élites traditionnelles.

L’opposition se mobilise

Zouhaïr Maghzaoui, un des principaux adversaires de Saïed, n’a pas tardé à réagir face à la diffusion des premiers sondages.

L’ancien député, à la tête d’un parti nationaliste-arabe, a convoqué une réunion d’urgence au cours de laquelle il a dénoncé ces résultats comme étant manipulés pour influencer l’opinion publique.

« Malheureusement, le sondage qui a été rendu public n’est pas fiable », a déclaré Maghzaoui, exprimant ses doutes quant à l’impartialité du processus électoral.

Il a appelé l’armée et les forces de sécurité à assurer la protection du scrutin contre toute ingérence ou fraude potentielle.

Cette déclaration témoigne de la méfiance grandissante d’une partie de l’opposition face à l’organisation des élections, qui craint une manipulation des résultats en faveur du président sortant.

Des élections sous haute surveillance

Alors que la Tunisie se prépare à recevoir les résultats officiels, le climat politique reste tendu. La participation électorale en berne, associée aux accusations de l’opposition, jette une ombre sur la crédibilité du processus démocratique.

Toutefois, la grande majorité des Tunisiens attendent avec impatience les chiffres définitifs de l’instance électorale pour déterminer l’avenir politique du pays.

Si les premiers sondages semblent donner Kaïs Saïed vainqueur, le chemin vers une victoire incontestable reste semé d’embûches.

Entre la célébration prématurée de ses partisans et les accusations de manipulation portées par ses adversaires, cette élection présidentielle illustre bien les divisions profondes qui persistent au sein de la société tunisienne post-révolutionnaire.

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