dimanche 6 octobre 2024

Bénin : Vers une aquaculture durable pour assurer la sécurité alimentaire et stimuler l’emploi

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Malgré ses vastes ressources maritimes et fluviales, le Bénin continue d’importer massivement des poissons surgelés pour répondre à la demande nationale, qui dépasse largement la production locale. Sur les marchés, les poissons provenant des eaux douces du pays se font rares, une situation préoccupante.

Selon les chiffres rapportés par Swisscontact, sur les 214 000 tonnes de poissons consommés annuellement au Bénin, la production locale ne dépasse que 50 000 tonnes, soit 23 %, tandis que les 77 % restants sont importés. Cette dépendance aux importations entraîne une fuite de devises de plus de 94 milliards de FCFA chaque année.

Le secteur halieutique, qui regroupe la pêche maritime, continentale et la pisciculture, représente environ 3 % du PIB et fournit des emplois directs et indirects à 15 % de la population active, soit environ 600 000 personnes, d’après la Banque africaine de développement (BAD).

Face à ces défis, le gouvernement, sous l’impulsion du Président Patrice Talon et avec le soutien de la BAD à travers un prêt de 23,63 milliards de FCFA, a lancé le projet de Promotion de l’Aquaculture et de la Compétitivité des Chaînes de Valeur de la Pêche (PROMAC). Ce projet vise à réduire la dépendance à l’importation, assurer la sécurité alimentaire par une production locale accrue, et renforcer la compétitivité du secteur.

Les défis de la chaîne de valeur aquacole

L’aquaculture béninoise fait face à de nombreux obstacles à tous les stades de production. Parmi les principales difficultés rencontrées par les aquaculteurs figurent :

•La rareté des alevins de qualité et de nourriture adaptée pour les poissons ;
•Le manque de compétences techniques et de savoir-faire dans l’aménagement des zones aquacoles, conduisant à une forte mortalité des poissons et à une compétitivité limitée ;
•Une organisation encore faible de la chaîne de valeur aquacole ;
•Des difficultés d’accès aux financements et aux intrants.

Infrastructures et accompagnement pour booster la production

Pour atteindre les objectifs de PROMAC, des « villages aquacoles » seront créés, avec des infrastructures modernes telles que des étangs, des cages flottantes et des enclos. Ces villages permettront de regrouper les pêcheurs sur des sites équipés de 250 hectares d’étangs et de 56 000 m³ de cages et d’enclos.

Les infrastructures existantes, comme les marchés aux poissons, seront réhabilitées et dotées de nouvelles installations : halles de préparation et de vente, chambres froides, unités de fabrication de glace, ainsi que des points de débarquement dans les principales villes du Bénin, telles que Cotonou, Abomey-Calavi, Porto-Novo, Parakou et Sèmè-Podji. Des véhicules frigorifiques et d’autres équipements seront également fournis pour améliorer la chaîne de distribution.

En ce qui concerne la pêche maritime artisanale, un nouveau point de débarquement sera aménagé à Grand Popo, tandis que le port de pêche artisanale de Cotonou (POPAC) sera délocalisé et une nouvelle infrastructure verra le jour à partir de 2026.

Sensibilisation et formations des acteurs de la filière

Inscrit dans le Programme d’Action du Gouvernement (PAG 2021-2026), PROMAC œuvre pour le développement des chaînes de valeur, en particulier dans les zones défavorisées à fort potentiel piscicole.

Des campagnes de sensibilisation ont récemment été menées auprès des communautés de pêcheurs à Tchonvi, Ahouansori, et Ladji, avec une attention particulière accordée aux femmes. Ces actions visent à améliorer les compétences des acteurs locaux et à renforcer la rentabilité de la filière.

Cependant, des défis subsistent, notamment l’accès limité aux intrants tels que les alevins et les aliments spécialisés, ainsi que l’insuffisance d’infrastructures, comme les bassins d’élevage modernes et les systèmes d’irrigation.

Au-delà de la satisfaction de la demande nationale, l’exportation des excédents de production vers les marchés internationaux constitue une opportunité majeure pour les acteurs de la pisciculture béninoise.

Opportunités d’investissement dans le secteur aquacole

Le secteur aquatique béninois regorge d’opportunités d’investissement à travers toute la chaîne de valeur : production, transformation, distribution, commercialisation des poissons, fabrication d’aliments spécialisés, et aménagement d’espaces aquacoles. Les investisseurs doivent être attentifs aux défis du secteur et prendre les mesures nécessaires pour en gérer les risques tout en profitant des avantages économiques qu’il offre.

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